En moins de six heures, l’artère principale du quartier a été refaite parce que le président de la République devait s’y rendre. Faut-il en rire ou en pleurer ?
La rue était en piteux état depuis le début de l’année 2014. Les appels des populations n’avaient pas été entendus. Leurs cris et leurs plaintes non plus. Il a fallu attendre le vendredi 5 février dernier, à la veille du passage d’Ali Bongo dans ce quartier du 2ème arrondissement de Libreville, pour voir des engins venir y déposer du gravier. Une couche de gravier pour permettre la réhabilitation provisoire de cette rue !
L’on regrette que les collaborateurs du chef de l’Etat ne veuillent pas lui faire vivre les réalités des quartiers. Mauvais état du réseau routier, alimentation insuffisante en eau, coupures récurrentes d’électricité, absence d’éclairage public, conditions de vie difficiles… On «change» tout avant son arrivée. On «améliore» tout avant son passage. Faut-il en rire ou en pleurer ? Les conseillers politiques du Palais du bord de mer, eux, n’étaient pas peu fiers de ce «coup de com» que d’aucuns qualifient de «bel exercice de démagogie» visiblement bien préparé. Pose d’une estrade, confection de tee-shirts et de banderoles, présence de groupes socioculturels, composition d’une chanson spéciale pour cette venue du «Chef» aux Cocotiers, allocutions… Rien n’était spontané !
Eloi Nzondo, Léandre Nzué, Alexis Mengué m’Oyé et autres étaient «tout sourire». Et Ali Bongo d’affirmer «Ce sont des mythes lorsqu’on dit quartier de l’opposition. A chaque fois que je me suis rendu dans les quartiers dits difficiles, j’ai pu discuter avec des compatriotes. Ce qui est important c’est d’engager le dialogue et de venir sur place et de pouvoir écouter et entendre les populations. C’est ça qui est le plus important. Moi mon message est un message de paix. Je ne viens pas ici insulter qui que ce soit. Je suis en train de dire que le Gabon nous allons le construire ensemble.»
Les images étaient belles. Sur les bains de foule. Sur la partie de Songo. Sur les accolades. Ces images devraient servir pendant la prochaine campagne électorale, «s’il est candidat», comme dirait Guy Nzouba Ndama. «Mais il ne faudrait pas que le chef de l’Etat aille trop vite en besogne ; il faudrait toujours et en tout temps savoir mesure garder. Surtout ne pas confondre la courtoisie des populations avec un attachement à son action politique», souligne un cadre du secteur parapublic résidant dans le quartier.