Le porte-parole du gouvernement s’est récemment senti dans l’obligation de démentir les révélations de l’ancien secrétaire général du Conseil national de sécurité selon lequel le ministre de l’Intérieur aurait affirmé qu’aucun opposant ne pourra être élu tant que lui serait en charge des élections.
«Aucun opposant ne pourra être élu tant que je serais ministre de l’Intérieur», aurait lancé le ministre de l’Intérieur au frère cadet de l’ancien secrétaire général du Conseil national de sécurité, démissionnaire du PDG. Aussitôt, une partie de l’opinion s’en est émue. Le Front de l’opposition pour l’alternance a même saisi le Premier ministre pour exiger des précisions. Lors de sa conférence de presse hebdomadaire, le 3 février dernier, le porte-parole du gouvernement a livré sa vision des choses. «Ceci est une affabulation», s’est-il autorisé à trancher, ajoutant que le ministre de l’Intérieur n’a jamais tenu de tels propos et que tout cela relève du «mensonge». Pour de nombreux observateurs, il s’agit là tout simplement d’«un coup de pousse du gouvernement à un de ses membres en danger». Autrement dit, Alain-Claude Bilié-by-Nzé vole au « secours d’un collègue en difficulté».
Le porte-parole du gouvernement se demande aussi comment «des compatriotes ayant occupé de hautes fonctions et prétendant diriger demain le Gabon, font de la rumeur un projet politique pour semer la confusion dans l’esprit des populations». Pour lui, «ces opposants semblent ignorer que selon la Loi fondamentale, le Premier ministre n’est responsable que devant le président de la République et le Parlement. Si ces responsables politiques voulaient être sérieux, mais surtout s’ils veulent qu’on les prenne au sérieux, ils auraient commencé par apporter la preuve de ce qu’ils disent. Or, il est question de «on aurait entendu» ».
Le porte-parole du gouvernement s’étonne, par ailleurs, du fait que parmi les signataires de cette demande de démission du ministre de l’Intérieur, figurent, outre un ancien Premier ministre, d’anciens ministres «et plus étonnant des syndicalistes, des gens qui prétendent défendre les aspirations d’une corporation». «Si on peut comprendre que des hommes politiques réclament l’alternance, qu’est-ce que les syndicalistes viennent faire dans ce dossier ?», s’est-il interrogé, prétendant que l’opposition est déboussolée, désorientée et a «peur d’aller aux élections car elle sait que les Gabonais ne lui font pas confiance». «Le mensonge, la haine sont les seuls guides de leur action, la seule boussole de leur démarche politique. Ils veulent semer le trouble et créer le désordre, mais qu’ils ne s’y méprennent pas : le gouvernement de la République ne laissera pas la chienlit s’installer. Tous ceux qui voudront répandre le chaos, devront en répondre devant les autorités compétentes», a-t-il menacé.
Si l’histoire du Gabon a démontré qu’il y a rarement de fumée sans feu, on peut reconnaître que ces propos relancent la polémique sur la crédibilité de l’ensemble des scrutins organisés depuis 1990. Dès lors, elle met la classe politique nationale face à ses responsabilités et interpelle chacun à son niveau.