L’agence de notation américaine a replié la note de B+ à B avec perspectives stables.
L’agence de notation américaine Standard & Poor’s, a une fois encore, abaissé la note souveraine du Gabon. Celle-ci passe de B+ à B avec perspectives stables. Selon l’agence, les hypothèses des cours du baril plus faibles que prévues pour 2016, le ralentissement de la production pétrolière dans les champs pétrolifères existants, causeront des dégâts importants sur le solde budgétaire extérieur ainsi qu’aux perspectives de croissance économique du Gabon, à cause de sa forte dépendance au pétrole.
Pour les trois prochaines années, Standard & Poor’s, examinant les données macroéconomiques du Gabon, prévoit une augmentation moyenne de la dette des administrations publiques à 2,3%, et un déficit des comptes courants qui va s’établir à 3,7% du PIB. «Les perspectives stables reposent sur le fait, selon notre point de vue, que les déficits budgétaires vont progressivement être réduits au cours des prochaines années, ainsi que sur la prise en compte des mesures prises par les autorités gabonaises afin de remédier aux faiblesses antérieures constatées sur la gestion de la dette », explique le rapport de l’agence.
La note de la dette de long terme ainsi que celle du court terme du pays sont désormais maintenues à B. La notation du pays en devises étrangères et locales chute également de B+ à B, bien que la stabilité des perspectives sur le long et le court terme soit affirmée par l’agence, reste que c’est une chute qui intervient deux mois après que l’agence Fitch Rating a maintenu la note souveraine du pays à B+ au mois de novembre. «Le pétrole représente environ 45% des revenus de l’Etat, environ 80% des recettes d’exportations, et on estime que sa contribution au PIB se situe entre 20% et 30%», souligne le rapport.
Ces derniers temps, l’économie gabonaise qui reste peu diversifiée, est soutenue par les efforts du gouvernement dans la réalisation des infrastructures ainsi que la valorisation des ressources naturelles par la transformation locale des matières premières. Pour l’heure, les ressources naturelles cibles sont le bois et le manganèse. Ces deux produits créent actuellement de la valeur ajoutée grâce aux usines de transformation ouvertes à la zone économique à régime privilégié de Nkok et sur d’autres sites pour ce qui est de l’industrie du bois, et du complexe métallurgique de Moanda en ce qui concerne le manganèse. Le bois a réussi à créer plus de 7000 emplois depuis la mise en œuvre de cette mesure.
«Comme la production de pétrole a diminué, le secteur non pétrolier a entraîné la récente croissance économique et d’importants investissements en capital. Les autorités envisagent de créer trois zones économiques spéciales pour stimuler les activités industrielles, telles que l’agro-industrie, les mines et la transformation du bois, afin de soutenir la croissance économique hors-pétrole qui continue de progresser », souligne l’agence de notation.
Mais, relève l’agence, d’énormes obstacles subsistent encore pour une diversification efficace de l’économie. L’on peut ainsi citer l’ineffectivité dans l’exécution des investissements publics, «une offre limitée de main-d’œuvre qualifiée, les pénuries d’électricité, et les incertitudes à propos de la sécurité des contrats». Sur la période 2016-2019, l’agence prévoit un ralentissement de la croissance à 4,5%, en raison principalement de la baisse des prix du pétrole ainsi que du recul de la production du pétrole de 7% ; les nouveaux champs étant entrés en maturation cette année.
Cependant, fait observer le rapport de l’agence, malgré des décennies de forte production de pétrole et plusieurs années d’excédents budgétaires, du fait d’une politique budgétaire pro-cyclique et parfois imprévisible, les niches fiscales sont restées faibles. L’on note également une inadéquation entre les excédents budgétaires et la position nette de la dette des administrations publiques. Celle-ci a augmenté en dépit des excédents des recettes pétrolières de ces dernières années. Concernant le Fonds de souveraineté de la république gabonaise (FSRG), celui doit recevoir 10% des recettes pétrolières.
«Nous nous attendons également à ce que le gouvernement continue de financer son déficit en puisant principalement dans ses dépôts à la Beac et les banques commerciales, et en s’appuyant sur le marché obligataire régional», espère l’agence, qui poursuit en indiquant que la dette nette des administrations publiques, au cours des prochaines années, baissera à moins de 30% du PIB. Le déficit des comptes courants du pays qui, selon Standard & Poor’s, sera stable jusqu’en 2017 à 3,8%, pourra également se financer avec les investissements directs étrangers dont la stabilité sera maintenue sur la période 2016-2017, tandis que les réserves de change vont continuer de se dégrader.