Après les multiples manifestations publiques de leurs compères de Libreville, les clients floués à Port-Gentil de l’entreprise de micro-finance BR Sarl, sont descendus dans la rue ou plutôt devant le gouvernorat de la capitale économique.
C’est une marée humaine qui a déferlé, le 26 janvier dernier, devant le gouvernorat de la province de l’Ogooué Maritime. Pancartes et banderoles en mains, les clients de la société de micro-finances dont le patron s’est évaporé dans la nature ont voulu forcer la main à Martin Boguikouma qui jusqu’ici refusait de les recevoir. «Nous avons adressé des demandes d’audience à monsieur le gouverneur, mais elles sont restées sans suite. Nous avons même sollicité une autorisation pour une marche pacifique, elle nous a été refusée», a déclaré un membre du bureau du collectif.
Devant cette indifférence, les épargnants de BR Sarl, en détresse depuis la fermeture brutale de cette structure, ont choisi le passage en force. De toute évidence, la stratégie a porté des fruits. La circulation a ainsi été fortement perturbée au centre-ville dans la matinée de mardi dernier. La première autorité de la province a dû avoir recours aux forces de l’ordre pour disperser les manifestants et dégager la voie. Les choses n’ont pas été du tout facile pour les policiers qui ont fort heureusement choisi la voie du dialogue à celle de la force. Au finish, les victimes du pasteur Mapakou ont fini par obtenir ce qu’elles demandaient depuis belle lurette : une rencontre avec le gouverneur.
Martin Boguikouma a rassuré ses hôtes sur la volonté des plus hautes autorités de la République de faire que les responsables de BR Sarl répondent de leurs actes devant la justice. Il a ainsi rappelé qu’un mandat d’arrêt international a été lancé contre le pasteur Mapakou et que certains de ses proches seraient déjà écroués à Libreville, avant d’encourager les épargnants à déposer une plainte au parquet de la République.
Un discours qui n’a pas du tout rassuré les épargnants, aujourd’hui dans la détresse, qui attendent plutôt que l’État fasse quelque chose pour les sortir de cette situation. «Le gouvernement a une grande part de responsabilité dans cette situation. Ce n’est qu’après l’affaire BR Sarl qu’une enquête a été menée pour voir plus clair sur les sociétés de micro-finances. Il a été révélé que la majorité d’entre elles opéraient en toute illégalité. Comment peut-on laisser n’importe quel aventurier s’engager dans un domaine aussi sensible ?», s’est interrogé un membre du bureau du collectif des épargnants. Ces derniers ont promis, malgré le discours du gouverneur, d’aller jusqu’au bout pour récupérer leurs fonds. Selon le bureau du collectif, les victimes de BR Sarl sont environ 6 000 dans la capitale économique.