Si Philibert Andzembé se proclame nouveau président, affirmant avoir constitué une nouvelle équipe, Pierre-André Kombila proclame demeurer le seul président, disant avoir pris acte de la démission collective des amis de l’ancien gouverneur de la BEAC.
A mesure que les jours passent et que la présidentielle approche, au Front de l’opposition pour l’alternance les choses semblent prendre des tournures plus complexes voire dangereuses. Clairement divisée en deux camps opposés, la plateforme politique fondée en juillet 2014 présente désormais deux personnalités différentes à sa tête : le premier, Pierre André Kombila, reconnu comme le véritable président en exercice par les personnalités les plus influentes politiquement, notamment Didjob Divungui Di Ndinge, Zacharie Myboto, Jean de Dieu Moukagni-Iwangou, Casimir Oye Mba ou Paulette Missambo ; et le second, Philibert Andzembe, soutenu par les proches de Jean Ping dont Jean Eyéghé Ndong, Jean Ntoutoume Ngoua, René Ndemezo’Obiang ou Pierre Amoughé Mba. Si au cours de sa présentation officielle le 27 janvier courant, le bureau conduit par Philibert Andzembe a donné l’impression de minimiser les dissensions actuelles, préférant poser le problème sous le prisme du désamour dont serait victime Jean Ping, il a tout de même feint de ne pas noter qu’au même moment l’autre aile prenait acte de leur démission collective, mettant également en place un nouveau bureau.
Le directoire du Front conduit par l’ancien gouverneur de la BEAC est composé de Véronique Essomeyo (1er vice-président), Martin Kassa (2e vice-président), Fulbert Mayombo Mbendjangoye (secrétaire exécutif), Patrick Nkong Néné (secrétaire exécutif adjoint) et Guillaume Moro Ngogo (porte-parole). Celui dirigé par Pierre-André Kombila comprend Albert Mba Ndong (1er vice-président), Paulette Missambo (2e vice-président), Benoït Sosthène Ibiala (secrétaire exécutif), Marcel Ondongui (secrétaire exécutif adjoint), Joachim Anvame (Rapporteur), Ghislain Ledoux Mbovoue Edou (rapporteur adjoint) et Raymonde Mengue m’Eyi (Trésorier).
Si les uns affirment devoir tout mettre en œuvre pour permettre à Jean Ping de se préparer puis mener la campagne électorale à venir dans les meilleures conditions, les autres disent militer pour la mise à plat des institutions, affirmant devoir dévoiler leur agenda le 28 du mois courant. A en croire l’équipe de Philibert Andjembe, Pierre-André Kombila joue le jeu du pouvoir et espère bénéficier de quelque nomination lors d’une hypothétique transition, en dépit du fait que la demande de dialogue visant à mettre en place une «transparence absolue» du scrutin à venir, ait été, selon lui, rejetée dans l’adresse à la nation du 31 décembre dernier.
«Il n’y aura jamais de transparence absolue, ne nous leurrons pas ! Nous pouvons et nous devons aller à cette élection que nous sommes certains de remporter plutôt que d’avancer de faux prétextes, qui cachent en réalité les calendriers dissimulés de certains», a assené Véronique Essomeyo, non sans appeler ceux qu’elle considère comme des dissidents à rejoindre le camp qu’elle soutient. Pas sûr que son appel ait été entendu, puisque Pierre André Kombila et les autres se demandent toujours pourquoi aller à une présidentielle dans les conditions actuelles, sachant que le ministre de l’Intérieur vient d’affirmer que «jamais un opposant ne gagnera sera élu président». Eux aussi estiment, mezza voce, que les tenants d’une participation aux élections «à tout prix et sans garanties de transparence» sont des alliés objectifs d’Ali Bongo. Et pourtant, plutôt confiant voir naïf, Philibert Andjembe avait promis que tout devrait rentrer dans l’ordre très vite. La suite, on la connait…