Nicolas Loth est speaker sur la Tropicale Amissa Bongo depuis six ans. Du haut du podium devant lequel passent tous les coureurs et vers lequel sont envoyées les données de l’organisation, il a nécessairement un bon point de vue qu’il livre ici pour ce qui est des équipes africaines
Gabonreview : Que pouvez-vous dire du comportement de ces dernières cette année ?
J’ai l’impression que les équipes européennes ne rigolent plus face à leurs homologues africains : ça s’est encore plus resserré. J’ai l’impression de dire ça chaque année mais là, on en a vraiment la preuve. Parce que quand on voit les premières étapes et la victoire caractéristique d’Abdoul Djeloul à Ambam, on s’aperçoit que les Français étaient assez loin, se sont faits piéger et n’avaient pas les jambes pour aller chercher la première place. On a vu Abdoul Djeloul, un Marocain, ainsi qu’un Rwandais, aux deux premières places. C’est donc dire que le temps où on laissait une échappée avec des coureurs africains, c’est terminé. Maintenant, lorsqu’on laisse une échappée, c’est comme sur le Tour de France : on se méfie énormément de ce qui peut se passer à l’avant.
Si on vous demandait un classement des trois meilleures équipes africaines, quel serait-il ?
Forcement, il y a l’Erythrée et le Rwanda. Mais pour le petit clin d’œil, je mettrai l’Ethiopie en premier car c’est l’équipe qui m’a le plus impressionné. C’est un pays en plein émergence dont on connait très bien les coureurs de fond. Mais là, on s’aperçoit que les coureurs cyclistes sont très présents. Il y a plusieurs coureurs de ce pays qui ont été élus meilleurs jeunes depuis le début de cette édition. Les cyclistes de ce pays sont 20e au niveau du classement général, c’est une nation montante du cyclisme qui fera très mal dans les prochaines années. Je ferai également un petit clin d’œil au Gabon dont les coureurs sont désormais dans le peloton : ça court à 45 km/h aujourd’hui. Vraiment bravo au travail du nouveau sélectionneur. Et je pense que l’année prochaine si le sélectionneur reste et que les coureurs font quelques courses pour prendre le rythme, le Gabon sera au rendez-vous.
Qu’avez-vous de spécial à dire sur le Rwanda que vous venez d’évoquer ?
Je dirai comme à l’accoutumée, on les voit toujours au-devant de la course. C’est un pays qui reste là, qui est toujours présent, qui va dans toujours dans les coups, qui ne compte pas ses efforts. Et j’espère vraiment que ce pays sera très bientôt sur le Tour de France, parce que ce pays c’est magnifique ce qui s’y passe. Prudence cependant, car il ne faut pas que le succès monte à la tête des jeunes de cette sélection, il faut garder les pieds sur terre. C’est un peu le mot d’ordre que je peux donner à cette équipe.