Selon le journal américano-britannique The Economist Intelligence, sur 167 pays observés en 2015, le Gabon se classe à la peu glorieuse 124ème place. Si pour cette publication, la Norvège est le pays le plus démocratique, la Corée du Nord, elle, est bon dernier dans cet indice de perception démocratique.
Ce journal a classé les Etats à partir de cinq critères : processus électoral et pluralisme, libertés publiques, fonctionnement du gouvernement, participation politique, culture politique. Le journal a par ailleurs établi quatre types de régime, à savoir les régimes pleinement démocratiques (un seul pays africain en fait partie : l’Ile Maurice), les régimes partiellement démocratiques (Italie, France, Espagne, et, concernant l’Afrique, se trouvent dans ce groupe l’Afrique du Sud, le Botswana, le Ghana, la Tunisie, le Cap-Vert et le Lesotho), les régimes hybrides (mi-démocratie mi-dictature) que sont, pour cette publication, le Bénin, le Mali, la Tanzanie, le Kenya, le Malawi, le Nigeria et Madagascar ; puis les régimes autoritaires : dans ce groupe, on trouve le Burundi, la Mauritanie, l’Algérie, le Niger, les Comores, le Togo, l’Angola, le Swaziland, le Rwanda, ainsi que tous les Etats membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), à savoir le Gabon, le Cameroun, le Congo-Brazzaville, la Guinée-Equatoriale, la République Centrafricaine et le Tchad. Il est à préciser que ces trois derniers pays se classent respectivement 163ème, 164ème et 165ème, juste avant la Syrie (166ème) et la Corée du Nord (167ème, bon dernier) !
Dans la plupart des critères énoncés plus haut, le Gabon n’a obtenu que des sous-moyennes, en dehors du critère «culture politique» dans lequel il obtient 5/10. Dans les autres critères, il obtient 3/10 dans le domaine «processus électoral et pluralisme» ; 4,12/10 pour les «libertés publiques» ; 2,21/10 pour «fonctionnement du Gouvernement», 4,44/10 pour «participation politique», soit une moyenne globale de 3,76/10, alors que, dans le même temps, l’Afrique du Sud, le Botswana et le Lesotho obtiennent des notes au-dessus de la moyenne ! Les critères «processus électoral et pluralisme», «fonctionnement du gouvernement», voire «libertés publiques» sont donc des secteurs où les lignes devraient bouger en 2016.
Malgré sa 124ème place au classement mondial, le Gabon peut se consoler de figurer en première place dans la CEMAC devant respectivement le Cameroun (126ème), le Congo (144ème), la Guinée-Equatoriale (163ème), la Centrafrique (164ème) et le Tchad (165ème) ! En 2015, les Etats membres de la CEMAC ont donc été des terres stériles dans le domaine de la démocratie et de l’Etat de droit.
Il reste donc beaucoup à faire ! Les appels à la bonne gouvernance politique et démocratique lancés par plusieurs associations de la société civile, ainsi que les appels à l’organisation d’élections justes, démocratiques, transparentes et crédibles lancés par les églises arrivent donc à point nommé. A condition bien entendu que Pacôme Moubelet Boubeya les ait entendus…