L’incident diplomatique né des propos de Manuel Valls, tenus au cours de l’émission «On n’est pas couché» sur France 2, n’est pas totalement oublié que, sur une chaine de télévision privée béninoise, le président de la République est présenté comme une marionnette dirigée par son directeur de cabinet.
Sale temps pour le président de la République. «On sait tous que c’est Maixent Accrombessi qui dirige le Gabon. Le président Ali Bongo est un guignol au service de notre compatriote». Tels sont les propos de deux journalistes béninois invités de l’émission-débat «Angle de vue», diffusée le 20 janvier dernier, sur la thématique : «Gabon-France : s’achemine-t-on vers un nouveau bras de fer à quelques mois de la présidentielle», sur la chaine privée béninoise Sikka TV. Que disent les astres de la semaine d’Ali Bongo ? C’est la question que l’on peut se poser au regard des événements de ces derniers jours.
Après les doutes émis par le Premier ministre français, Manuel Valls, sur la sincérité de l’élection au terme de la laquelle il a pris le pouvoir, c’est maintenant sa capacité à exercer la fonction présidentielle et son autorité qui sont mises en cause hors du territoire national. Pis, ayant toujours accusé les contempteurs de son directeur de cabinet de xénophobie, Ali Bongo se surprend à constater qu’hors du Gabon, ce dernier n’est pas décrit comme gabonais. «C’est un Béninois qui dirige le Gabon, l’autre est là seulement comme l’arbre qui cache la forêt», a affirmé l’un des participants à l’émission. Cette déclaration, qui fait suite aux révélations du célèbre journaliste d’investigation, Pierre Péan, auteur de «Nouvelles affaires africaines – Mensonges et pillages au Gabon», selon lesquelles «le président de la République ne serait plus qu’un pion entre les mains du tout-puissant directeur de cabinet», fait écho à la rumeur populaire. Elle conforte l’inquiétude exprimée, il y a près d’un an, par Paul-Marie Gondjout, dans une lettre adressée à plusieurs personnalités, notamment Manuel Valls et le président béninois, Thomas Yayi Boni, ainsi qu’au Premier ministre, Daniel Ona Ondo. «La fonction de directeur de cabinet du président de la République fait de l’occupant le rouage essentiel dudit cabinet. Après la dernière élection présidentielle (2009), le directeur de cabinet, en plus de ses prérogatives ordinaires, contrôle tout le renseignement militaire et civil dont est destinataire le président de la République. Maixent Accrombessi, aurait une totale mainmise sur le Trésor public général à travers la trésorerie spéciale de la présidence de la République où sont logés tous les budgets d’investissements de l’Ètat, et le budget des forces armées. Il intervient directement dans les nominations aux hautes fonctions de l’État, et dans diverses décisions gouvernementales», dénonçait-il alors.