Alain Ditona Moussavou, directeur général de la Caisse de dépôt et de consignation (CDC), revient, dans cet entretien, sur sa communication durant le séminaire gouvernemental de Franceville : les objectifs de sa structure, les activités menées et sa contribution à la lutte contre la pauvreté au Gabon.
Portant sur le thème «accélérer la cadence et l’impact social», le séminaire gouvernemental de Franceville a enregistré la participation du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, et de tous les membres du gouvernement. Le panel d’experts, de directeurs généraux et autres personnes ressources ayant fait le déplacement de la ville de Franceville se sont attelés, dans leur présentation et exposés, à tracer la voie pour une accélération du développement du Gabon et surtout de la réduction de l’impact de la pauvreté et de la précarité sur la population afin d’aboutir à l’émergence du pays d’ici à 2025.
Gabonreview : Sur quel axe se fonde la communication que vous avez délivrée durant ce séminaire gouvernemental ?
Alain Ditona Moussavou : L’axe de communication de la Caisse de dépôt et de consignation (CDC) a été d’abord de se faire connaitre. Parce que, comme vous savez, il y a des membres du gouvernement qui sont là depuis 2009, qui connaissent ce qu’est la Caisse de dépôt, mais il y en a qui viennent d’arriver et il était donc utile pour le directeur général que je suis de leur donner un aperçu sur cette structure. Mai, c’était également le moment de faire le bilan des activités de la Caisse de dépôt depuis que le président de la République a eu la vision de la créer.
Puisque vous parlez de bilan, de quoi retourne-t-il exactement ?
Ce qu’il faut savoir c’est qu’elle [la CDC] a bénéficié d’une dotation de 10 milliards de francs CFA et, à côté de ce montant, elle a bénéficié des dépôts de la clientèle et c’est avec ces dépôts que notre structure a pu apporter des financements, que ce soit en avance de trésorerie pour le Trésor public, que ce soit en placement. Parce qu’il ne faut pas oublier une chose : la première mission de la Caisse de dépôt c’est de dynamiser les fonds qui sont déposés à la CDC. Les dynamiser comment ? En les plaçant à court terme parce qu’on ne peut pas les placer à long terme, vous vous en doutez bien ! Car si le propriétaire vient à nous les réclamer, il faut bien qu’il ait l’occasion de reprendre ses fonds.
Quand nous avons commencé en 2011, j’ai donné un encours de 19 milliards qu’on a placé auprès des banques ; ensuite, en 2012, un encours de 75 milliards, et en 2013 un encours de 54 milliards. Ceci est dans le cadre de la dynamisation. A côté de cette dynamisation, nous avons pu acquérir, dans le cadre de notre deuxième métier qui est la prise de participations, une participation de Rougier qui est la plus retentissante : 15 milliards de francs. Nous sommes entrés dans le capital de Rougier Afrique international à hauteur de 35% en payant 15 milliards de francs CFA, ce qui n’est un secret pour personne. S’en sont suivi d’autres participations. Aujourd’hui, nous avons un encours de participations de 36 milliards de francs CFA. Vous voyez bien l’effort qui a été fait par la Caisse de dépôt pour entrer dans des secteurs dits stratégiques pour le Gabon. Demain, ces participations permettront à la Caisse de dépôt de toucher des dividendes qui vont entrer dans les caisses de l’Etat.
Le troisième axe c’est la partie immobilière. La CDC a acquis, il y a deux ans maintenant, une réserve foncière de 25 hectares au Pont-Nomba. Sur cette réserve, vont être construits 258 logements. Des logements de standing. A côté de cela, nous avons pu apporter à certains organismes parapublics, à l’exemple du Fonds routier pour lui permettre de financer les voiries de l’intérieur, notamment les voiries qui permettent d’accéder aux réserves foncières sur lesquelles vont être construites ce qu’on appelle des logements sociaux. Nous avons acquis une réserve foncière de 14 hectares à Mindoubé et une troisième réserve foncière de 7 hectares à Avorbam et une quatrième à côté de l’aéroport, à côté du Jardin de Jade. Cette dernière va certainement être destinée à la construction de bureaux commerciaux.
Pour ce qui est de l’année dernière, la Caisse de dépôt a fait un résultat bénéficiaire de plus d’un milliard. Cette année, les commissaires aux comptes sont en train d’analyser ces comptes. Mais ce que je peux dire, au stade où nous nous trouvons, c’est que le résultat ne devrait pas être en dessous de 3 milliards de francs CFA. Voilà, au bout de trois ans d’exercice, ce que la Caisse de dépôt et de consignations a pu apporter dans le cadre du Plan stratégique Gabon émergent.
Pour coller à ces travaux de Franceville qui mettent largement l’accent sur le social, quel est l’apport de la CDC ?
Nous avons créé une filiale qui s’appelle la Société nationale de construction et de gestion de logement sociaux. Nous avons créé cette société aux côtés de l’Etat gabonais et de la Sni (Société nationale immobilière – ndlr). C’est cette société qui est en train de viabiliser 100 hectares de terrains de Nkok qui seront revendus aux couches les plus démunies. C’est déjà cela notre apport. Deuxièmement, toujours pour cette société, nous avons apporté un financement de 2 milliards et le troisième apport en direction du social, vous l’avez certainement appris par mon collègue de la Société équatoriale des mines (Sem), concerne un financement de 300 millions. Si nous n’avions pas apporté ce financement de 300 millions de francs CFA, la Société équatoriale des mines n’aurait pas pu continuer à réorganiser, à la demande des plus hautes autorités, l’activité d’orpaillage.
Vous savez que ce qui était produit pendant plusieurs années dans ce secteur se volatilisait vers les pays limitrophes. Aujourd’hui, grâce à la Sem et la Caisse de dépôt, la Sem va intensifier cette activité pour apporter des revenus aux orpailleurs qui étaient parfois sans autorisations. Voilà notre contribution au pacte social que prône le chef de l’Etat.