De son expérience du hajj, à l’importance de la communauté musulmane au Gabon, le correspondant d’Africable au Gabon aborde chacun de ces points, dans une interview accordée au mensuel sénégalais «Le Jour». Ci-dessous, l’intégralité de l’entretien.
Le Jour : Est-ce votre premier pèlerinage ?
Ismaël Obiang Nze : Oui, j’en suis à ma première édition. J’ai eu l’opportunité de couvrir tant d’évènements, mais c’est la première fois que je vais à la Mecque. Plus précisément, j’ai fait une couverture médiatique pour le compte du Conseil supérieur des affaires islamiques. Mais il y a une différence entre la couverture médiatique et celle le Hajj. Car la particularité du pèlerinage est la diversité raciale, culturelle et linguistique. C’est l’une de ses grandes richesses, car jamais un évènement n’a réussi à rassembler autant de peuples venus de divers horizons. Je crois qu’il y a 170 nations qui se sont donné rendez-vous là-bas. Non seulement, cette diversité fait la beauté de l’Islam, mais aussi sa force. C’est la preuve que le Coran vient de Dieu. C’est un livre sacré qui brise les barrières, qui ignore la couleur de la peau et les différences biologiques.
Combien de pèlerins Gabonais êtiez-vous cette année ?
Nous étions près de 200 pèlerins, et c’était dû à la restriction des quotas.
Ce nombre n’est-il pas petit par rapport à la population gabonaise ?
Il n’est pas petit, car la population gabonaise est estimée à 1,2 million d’habitants. Il ne faut pas aussi perdre de vue que le Gabon n’est pas un pays musulman. Sur une population de 1,2 million, 5% sont musulmans. Ce qui veut dire que l’Islam s’y installe progressivement.
Ces 5% de musulmans ne sont-ils pas terrorisés ou exclus ?
Pas du tout. D’ailleurs, il n’existe pas de problème de religion au Gabon. Je rappelle que nous avons connu des présidents musulmans à l’instar d’Omar et son fils Ali Bongo. Le Gabon est un Etat laïc où il n’est pas question d’exclure une minorité religieuse.
Y avait-il des expatriés vivant au Gabon durant ce Hajj ?
Effectivement ! D’ailleurs, les Sénégalais, Maliens et Béninois étaient plus nombreux que les Gabonais d’origine. Tous font partie du quota attribué au Gabon.
Le package de chaque pèlerin s’élève à combien ?
J’étais envoyé et pris en charge par le Conseil supérieur des affaires islamiques, mais j’ai cru entendre parler de 2 millions de francs.
Récemment, des Sénégalais vivant au Gabon ont été expulsés. Pourquoi ?
Comme tout autre pays, le Gabon a ses lois. Pour y vivre, il faut la carte de séjour. Mais il arrive très souvent que des Africains, des Sénégalais y compris, du fait de leur intégration sociale, négligent le renouvellement de leur titre de séjour. Puisqu’ils sont en situation irrégulière, s’ils sont interpellés par des policiers, ils risquent le rapatriement. Je reconnais tout de même que les Sénégalais sont les premiers expatriés ouest-africains à élire domicile au Gabon. Ils font partie de ceux qui ont bâti le Gabon dans les années 70, mais cela ne les exempte pas, ils doivent se conformer aux lois en vigueur. Tout de même, nous regrettons la brutalité avec laquelle l’opération d’expulsion des Africains en situation irrégulière s’est faite. Et c’est l’occasion de préciser que les Sénégalais n’étaient pas les seuls ciblés. C’était dans le cadre de la lutte contre le terrorisme que cette opération a été menée. Elle s’est soldée par l’interpellation et le rapatriement de beaucoup d’Africains.