Dans un entretien accordé à nos confrères de «Gabon d’abord», l’ancien Premier ministre n’a pas été avare de critiques contre le Parti démocratique Gabonais (PDG.
Dans une interview parue dans l’hebdomadaire Gabon d’abord, Jean-François Ntoutoume-Emane s’explique sur sa fidélité à Omar Bongo alors qu’il a déjà quitté, le PDG 2 octobre dernier. Pour lui, il faut être «hypocrite, aveugle ou sourd pour croire que le PDG d’aujourd’hui est encore celui qu’Omar Bongo Ondimba, Jean Stanislas Migolet et quelques autres ont créé». «Les choix de la base que sollicite invariablement le secrétaire général du parti à travers ses notes d’orientation aux avant-veilles des échéances électorales, sont systématiquement écartés avec arrogance et mépris par le distingué camarade qui privilégie, chaque fois, les choix des gourous qui l’entourent et qui n’ont aucune connaissance du terrain», a-t-il affirmé, ajoutant que depuis cinq ans, on n’a plus entendu parler au sein du PDG d’élections dont les résultats sont respectés. «Les nominations se font désormais par cooptation ou par «décret» du distingué camarade», a-t-il indiqué, précisant que les réunions d’élus et de hiérarques du PDG «comme naguère au temps d’Omar Bongo Ondimba, ne sont plus qu’aujourd’hui de lointains souvenirs».
L’ancien Premier ministre explique que le secrétaire général du PDG n’a «manifestement» plus aucun pouvoir. «Il est réduit, sans méchanceté aucune, à un simple rôle de faire-valoir, d’autres, plus cruels, diront de «Saint Sébastien », de «souffre-douleur»», relève-t-il, affirmant que le PDG fonctionne désormais «comme une secte, avec des coteries et des officines ad hoc, et surtout avec en général, des boétiens ou des incompétents aux postes de responsabilité, pour la plupart non-détenteurs d’un mandat législatif». «Ce qui est totalement incompréhensible et très grave dans un pays qui, dit-on, entend évoluer vers une réelle démocratie», a-t-il martelé. A ses yeux, Ali Bongo ne croit plus au PDG, comme en témoigne la création de certaines associations et mouvements. «(Il) chercherait à dissoudre le PDG», assène-t-il, révélant que d’autres personnalités quitteront bientôt ce parti. «Ce qu’Omar Bongo Ondimba a construit comme régime solide et stable, l’amateurisme actuel au sommet de l’Etat, les gourous, les apatrides et ceux que Hugues Alexandre Barro Chambrier, empruntant la langue des sociologues et des étudiants révoltés de mai 1968 à Paris, appelle «les profito-situationnistes, qui entourent le président de la République, l’auront détruit en moins d’un septennat», a-t-il martelé, concluant : «Quel triste prouesse !»