A moins de huit mois de la fin du mandat en cours, le gouvernement est subitement gagné par le doute.
Entre des dépenses publiques effectuées sans grande réflexion, des budgets accordés par complaisance et à la tête du client, l’année 2016 a comme un goût amer, qui impose désormais au gouvernement de faire au mieux voire de tenter de réparer les nombreuses erreurs de calcul, s’étant succédées tout au long du mandat qui tire à sa fin. Pris d’une curieuse remise en question, alors que s’approche inévitablement l’heure du bilan, au gouvernement, l’on se rend bien compte que tout ou presque est joué. Les carottes sont cuites. Et ce n’est pas Daniel Ona Ondo qui pourrait le nier. Reconduit la tête du gouvernement, «la perle rare» d’Ali Bongo s’est montrée bien peu convaincante. Conscient de ce qu’il est loin d’avoir réussi, le Premier ministre a récemment indiqué un autre cap.
A la faveur de la présentation des vœux, le 12 janvier dernier à Libreville, le chef du gouvernement, ne s’est pas empêché de se cacher derrière la chute des cours du pétrole et n’a pas manqué d’appeler ses collègues à s’«ajuster» et à «serrer (leurs) ceintures, de manière à relever le double défi qui consiste à rationaliser (leurs) projets en fonction des recettes réduites de plus de la moitié», tout en gardant pour priorité la sécurité du pays et le Pacte social.
Si pour Daniel Ona Ondo, «le maintien d’un certain niveau d’investissement, générateur de croissance» est encore possible, l’on reste plutôt dubitatif sur son ambition d’imposer que ses collègues se serrent la ceinture, d’autant que le projet visant la réduction du train de vie de l’Etat était déjà d’actualité lors du séminaire gouvernemental de janvier 2015 à la Pointe-Denis. A ce moment-là, Ali Bongo, lui-même, avait exhorté à la maîtrise des dépenses publiques, en commençant par la réduction des salaires des membres du gouvernement et des responsables d’institutions. De ce point de vue, l’invite de Daniel Ona Ondo est-elle un «creux slogan» ou un «vœux pieux», bien qu’il s’en soit défendu lors de la cérémonie du 12 janvier dernier.
A moins de huit mois de la prochaine présidentielle, le Premier ministre n’en a pas moins reconnu que de nombreuses erreurs et manquements sont à déplorer. Un échec qui, a-t-il fait savoir, résulte d’«une insuffisante collégialité, d’une propension à travailler seul ou encore, d’une tendance à confondre vitesse et précipitation». Comme quoi, l’année 2016 est plus que jamais celle du bilan… Et les résultats sont loin d’être bons !