L’Agence gabonaise de presse (AGP) et son pendant Gabon Matin passent de mauvais moments, alors que L’Union, pourtant présenté comme un quotidien privé, gagne de l’argent grâce à la communication étatique. L’Etat n’a-t-il pas opté d’affamer ses excroissances médiatiques, ses médias natifs ?
A l’issue d’une séance de travail, le 21 décembre dernier, avec le Premier ministre, le ministre de la Communication avait révélé avoir proposé un plan de sortie de crise concernant l’AGP et Africa n°1. Il s’agissait en quelque sorte de mettre en place un plan de redéploiement du personnel et de trouver des financements complémentaires à la subvention étatique afin que ces médias retrouvent leurs lettres de noblesse. Seulement, le 4 janvier dernier, l’AGP a cessé toute activité rédactionnelle. Une décision consécutive au mouvement d’humeur du personnel, excédé par les arriérés de salaire.
Si l’on s’en tient aux propos du Premier ministre, «ce titre de presse (AGP-Gabon Matin) est un outil indispensable pour l’information et pour la visibilité de l’action gouvernementale». Or, dans les faits, le commun des mortels observe que ni l’AGP ni Gabon Matin ne sont des pièces du puzzle de la communication gouvernementale. Et pour cause : L’Union, quotidien présenté comme privé, concurrent immédiat de Gabon Matin, capte tous les communiqués et informations officiels. Sans le vouloir et sans peut-être s’en rendre compte, le gouvernement a tout mis en œuvre pour que l’AGP et Gabon Matin ne puissent jamais décoller. Puisque L’Union est présenté comme un média privé, comment est-il donc possible que sa subvention soit supérieure à celle de l’AGP ou de Gabon Matin ? Est-ce logique que l’Etat soit si attentif au sort d’un média privé ? Et pourquoi des fonctionnaires y exercent-ils ? Pourquoi les invitations pour la couverture d’événements officiels lui sont prioritairement envoyées ? En tant qu’agence officielle de l’Etat, l’AGP ne devrait-elle pas être le fournisseur officiel d’informations ? A-t-on trop misé sur L’Union, au point de gêner le développement de Gabon Matin, le «vrai quotidien national d’information» ?
Et pourtant, le gouvernement aurait pu inviter l’ensemble des services publics à communiquer en priorité à travers Gabon Matin et l’AGP. «Etant donné que L’Union ne le fait pas gratuitement, ce flux de capitaux pourrait être également capté par ces médias et les problèmes de trésorerie pourraient ainsi être atténués», explique un ancien journaliste, qui estime que la question financière peut être réglée si tous les départements ministériels et autres structures publiques ou para-étatiques comprennent la nécessité de communiquer à travers Gabon Matin. Au regard de tout cela, le problème de l’AGP et Gabon Matin semble être un manque de stratégie ou de cohérence de la part du gouvernement. «A qui profite le crime ? Qui ne voudrait pas de l’efficacité de l’AGP-Gabon Matin ? Qui a intérêt à voir l’Union faire des bénéfices ?», interroge encore cet ancien journaliste. Des questions auxquelles il faudra bien apporter des réponses un jour…
