Ayant troqué l’appellation conférence nationale souveraine contre dialogue national inclusif, une partie de l’opposition est vouée aux gémonies par ceux-là mêmes qui hier se posaient en chantres de cette idée.
Qui demeure fidèle à sa ligne ? Qui, au contraire, a varié, au point que les premiers voudraient bien s’en passer, quitte à les ranger dans le camp adverse ? Au sein de l’opposition, un dôle de débat s’est engagé depuis quelques temps. Pour tout dire, si la querelle couvait depuis plus d’un an, particulièrement depuis le départ de Jean Ping du PDG, et la mise en exergue de ses ambitions présidentielles, ces questions ont toujours été d’actualité. A huit mois de la présidentielle à venir, les deux camps se regardent en chiens de faïence. Quand les uns sont accusés de tergiverser, en cherchant des voies et moyens d’exister ou même de se faire une place au soleil, les autres sont critiqués sur leur façon de faire, jugée non conforme au plan élaboré par le collectif, et souvent peu courtoise. Or, pour les derniers cités, l’heure n’est ni à la courtoisie ni aux effusions de bons sentiments, qui, estiment-ils, ne servirait plus désormais qu’à perdre un temps précieux, devant être consacré à la mise en branle d’actions sur le terrain, en vue de parvenir à leur principal objectif : le départ d’Ali Bongo avant fin-2016, et l’alternance au sommet de l’Etat dans les mois qui viennent. Mais, de quelles actions concrètes s’agit-il ? Mystère et boule de gomme…
A dire vrai, si la guéguerre au sein de l’opposition a refait surface ces derniers jours, c’est pour deux principales raisons : l’appel des uns à l’organisation d’un «dialogue national inclusif et sans tabou», et les balbutiements des mêmes quant à la désignation d’un candidat unique de l’opposition. Si la dernière raison est la cause principale des procès en sorcellerie instruits dans les chaumières, c’est que derrière elle se cache la volonté de certains d’imposer leur diktat. Sinon comment comprendre le discours de Francis Aubame, le 9 janvier dernier, lors du meeting de clôture de la tournée de Jean Ping dans la province de l’Estuaire ? «Allez-vous vous laisser emprisonner par quelques 27 personnes et ne pas faire ce que le peuple attend de vous ? Appartient-il toujours aux mêmes de décider de ce qui doit se faire ?», avait alors interrogé le membre du mouvement «Les Souverainistes», avant de lancer à l’endroit de Jean Ping : «Vous n’êtes pas candidat à une quelconque candidature mais candidat à la présidentielle !»
Incontestablement, le discours de Francis Aubame dit tout de la position de son mouvement qui se définit lui-même comme l’un des plus «radicaux», bien qu’il se soit quelque peu détourné de ses premières déclarations, notamment au sujet de l’idée d’une conférence nationale souveraine, de la participation à un quelconque scrutin ou encore de l’organisation de la présidentielle de l’année en cours. «Le calendrier de 2016 n’est pas le nôtre», avaient pourtant déclaré les Souverainistes en décembre 2014, appelant à la tenue d’une conférence nationale souveraine. N’empêche, quand les dirigeants de certains partis de l’opposition appellent au dialogue, ils sont immédiatement accusés de faire le jeu de la majorité au pouvoir. Conférence nationale souveraine, dialogue inclusif sans tabou, quelle différence dès lors que la question de l’application des résolutions a toujours été avancée et prise en compte ? La sémantique n’a pas encore fini de faire des ravages… Curieux, tout de même…