Le titre "Sans famille" pourrait, à première vue, être perçu comme une volonté de dévoiler une certaine solitude. Or, dans son film, la cinéaste gabonaise Pauline Mvélé met en relief les difficultés quotidiennes des détenus de la prison centrale de Libreville au Gabon.
Les premières images de ce documentaire montrent un homme se lavant dans les vagues salées d’une plage de Libreville. L’individu se débarrasse de ses vêtements et les abandonne au sable et à l’eau à ses pieds, puis s’en va. « Une image hautement symbolique… », explique la réalisatrice, « …au Gabon la prison est considérée comme une malédiction donc à la sortie, les anciens prisonniers vont se laver le corps dans l’eau salée considérée comme purificatrice… »
Le film de Pauline Mvélé plonge le public au cœur de la vie en milieu carcéral gabonais. Elle n’a pas pu avoir les autorisations de filmer à l’intérieur de la prison mais la cinéaste a pu rencontrer des personnes ayant purgé leur peine. Son film est donc un ensemble de témoignages d’anciens détenus dont les versions convergent vers la même réalité, celle d’un univers misérable où l’insécurité dicte sa loi.
Durant la projection, le témoignage d’un jeune sorti de prison a profondément ému la salle. Il a fait état des récurrentes agressions dont sont victimes certains détenus. Pour lui, il n’est pas normal que l’ont mettent tous les prisonniers ensemble. Certains sont auteurs d’assassinats et d’autres n’ont commis que de simples voles.
Pauline Mvélé a expliqué, durant sa conférence de presse, que le titre de son film est le nom de la prison centrale de Libreville : « ...c’est comme ça que les gabonais appellent cette prison, car les prisonniers se sentent seuls devant le danger de leur milieu…pour eux, c’est un autre monde ».
Actuellement en compétition au Festival Tazama à Brazzaville, ce documentaire qui dévoile, avec professionnalisme, les violations des droits de l’homme dans les prisons du Gabon, pourrait retenir l’attention des membres du jury.