Madame la Présidente de la Cour Constitutionnelle, l’alternance est une exigence de la démocratie, ainsi comme le disait Aristote : « il est évident que tous, pour bien des raisons, doivent jouer pareillement tour à tour les rôles de gouvernant et de gouverné » (Politique, VII, 13-14). Il n’est ni juste, ni sain que ce soit toujours les mêmes qui gouvernent ; d’ailleurs les grecs qui sont les concepteurs de cette idéologie voyaient dans le pouvoir perpétuel l’une des marques de la tyrannie. Une constitution doit être conçue de telle manière qu’elle permette l’alternance ; Madame Marie Madeleine BOURANTSOUO est-ce le cas de celle dont vous êtes la gardienne ?
Madame la Présidente de la Cour Constitutionnelle, tenez pour rappel, dans une démocratie qui se veut moderne, l’alternance se définit comme la succession au pouvoir, dans les organes d’Etat qui émanent du suffrage universel, à savoir, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif, de partis politiques appartenant à des courants différents.
Madame la Présidente de la Cour Constitutionnelle, l’alternance obéit à deux exigences entre lesquelles il faut trouver un équilibre : une exigence de justice pour TOUS dans la mesure où elle doit donner à chaque courant, à chaque sensibilité politique, une chance d’accéder au pouvoir ; une exigence d’efficience dans la mesure où elle doit être organiser de telle sorte qu’elle fasse jaillir, de la multiplicité des courants d’opinion autorisés à concourir dans la conquêtes du pouvoir, un choix clair des citoyens qui indiquera la manière dont la Nation entend être gouverné. Madame Marie Madeleine BOURANTSOUO, la Constitution Gabonaise satisfait-elle ces deux exigences ?
Madame la Présidente de la Cour Constitutionnelle, lors de votre allocution de Présentation de vœux au Président de la République, vous avez dit à celui-ci qu’il respecte l’état de droit démocratique, alors là Madame la Présidente de la Cour, avez-vous vraiment été sincère avec votre beau fils et le peuple gabonais ?
Madame la Président de la Cour Constitutionnelle méditez sur cette citation de Jean-Napoléon Vernier : «
Partout où l'intérêt privé est en jeu, l'intérêt public est en souffrance et les améliorations deviennent impossibles. Il est pénible d'en faire l'aveu, les grandes réformes ne peuvent s'opérer qu'au moyen des révolutions. Les peuples, emportés alors comme des coursiers fougueux, se dirigent droit au but, en écartant tous les obstacles, même au risque de se jeter dans les abîmes. »