C’est du moins le sentiment qui se dégage au regard des avis tranchés et visiblement contradictoires.
Les enjeux et des défis de 2016 ne semblent pas être les mêmes selon que l’on soit un soutien de Jean Ping ou un tenant de la ligne contenue dans les textes-fondateurs du Front de l’opposition pour l’alternance. Or, afin de ne pas laisser filer la chance d’offrir au pays une alternance, l’élection présidentielle prochaine est déterminante. Elle exige donc de la lucidité. N’empêche, pour certains, le chemin vers l’alternance est balisé de préalables, notamment la tenue d’un dialogue inclusif en vue d’initier des reformes juridiques et institutionnelles. «Toute élection dans les conditions actuelles ne sera que motif de conflits, d’affrontements et d’un chaos programmé», estiment-ils. Pour d’autres, l’urgence réside dans la désignation du candidat unique de l’opposition. Il s’agit de présenter au peuple «une figure» pour mieux le fidéliser avant la présidentielle prochaine.
Si, pour l’instant, le président en exercice du Front et certains de ses pairs refusent de qualifier cette idée de rêverie voire d’utopie, ils reconnaissent tout de même la difficulté de la question. «Nous devons, à la vérité, reconnaître que l’équation de la désignation du candidat unique du Front n’est pas si simple à résoudre. Elle intègre, d’une part, les partis politiques qui sont des personnes morales et, d’autre part, des personnalités physiques. Le problème c’est que dans la conception de certains d’entre nous, la désignation du candidat unique doit se faire par les seules personnes physiques membres du Front. D’autres estiment que cela doit donner lieu à des primaires auxquelles prennent pas les militants et sympathisants de l’opposition au cours d’une grande convention des forces du changement», a avoué Pierre André Kombila, à la faveur des vœux de son groupement politique.
Pour le président en exercice du Front, au moment où le peuple gabonais, exaspéré par un système cinquantenaire, s’interroge sur les moyens de parvenir à l’alternance et au changement, il est irresponsable de se complaire dans la précipitation, la manipulation et l’opportunisme. «Il s’agit malheureusement de précipitation, de manipulation et d’opportunisme lorsque sous le prétexte de l’urgence, une frange du Front s’organise, en dehors des procédures officielles et en absence de tout quorum, à tenir des réunions et à rendre opposables à tous les conclusions auxquelles ils sont parvenus. Le chronogramme de la désignation du candidat unique, annoncé et publié çà et là est un raccourci trompeur, qui ne peut prendre place dans nos pratiques», a-t-il affirmé, ajoutant : «Il ne sert à rien de courir : il faut partir à point».