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Réplique cinglante de Léon Paul Ngoulakia aux menaces de Moubelet Boubeya
Publié le vendredi 8 janvier 2016   |  Gabon Review


Léon
© Autre presse par DR
Léon Paul Ngoulakia, le directeur général de la Caisse de Stabilisation et de Péréquation (Caistab)


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Les menaces qu’aurait lancées le ministre de l’Intérieur à Léon Paul Ngoulakia, par l’entremise de l’un de ses petits frères, ont été l’objet d’une réponse épistolaire méthodique. L’occasion en or pour l’ancien patron de la Caistab de laisser entendre qu’il sera candidat à la prochaine présidentielle.

Léon Paul Ngoulakia représenterait-il une menace pour le régime en place ? Oui serait-on tenté de le croire, au regard déroulement des récents évènements survenus autour de lui à Libreville. Dans un courrier adressé au ministère de l’Intérieur, daté du 5 janvier, avec ampliation à la Présidence de la République, au président de l’Assemblée nationale, au Premier ministre ainsi qu’aux ambassades de France, des Etats-Unis, des pays limitrophes du Gabon, de l’Union européenne et de la société civile, l’ancien directeur général de la Caisse nationale de stabilisation et de péréquation (Caistab) révèle la convocation au ministère de l’Intérieur de l’un de ses frères cadets, le 28 décembre dernier. Soulignant que cette convocation avait lieu alors que lui-même était bel et bien présent sur le territoire national, Léon Paul Ngoulakia indique qu’à travers son frère, Pacôme Moubelet Boubeya lui transmis plusieurs messages aux allures intimidantes : «En politique, si les intérêts du pouvoir sont menacés…» ; «Si on ne peut pas l’atteindre personnellement, on sait par où le pincer pour lui faire mal» ; «En décortiquant son message d’invitation à la réunion du 19/12/15 et plus son discours, je peux me permettre de le mettre aux arrêts, car celui-ci avait une connotation subjective du fait d’avoir salué l’assistance en plusieurs langue du Gabon et d’avoir prononcé le mot dialogue».

Le ministre de l’Intérieur lui aurait également transmis les messages suivants : «Même si le président de la République ne donne pas d’instructions, son entourage peut prendre des initiatives dans le but de préserver leurs acquis et intérêts» ; «Aucun opposant ne pourra être élu tant que je serai ministre de l’Intérieur et même si Léon Paul se portait candidat» ; «Que Léon Paul ne fasse plus de déclaration et tout rentrera dans l’ordre. Personne n’a de problème avec lui, je lui conseille de prendre des vacances». Pour l’ancien secrétaire général du Conseil national de sécurité, les propos du ministre de l’Intérieur génèrent «une foule d’interrogations consistant à savoir si nous sommes dans une démocratie ou dans une dictature».

Et Léon Paul Ngoulakia d’y aller de son commentaire sur chaque menace proféré à son encontre. Sur la première, il s’interroge quels intérêts il s’agit. «Ceux du peuple ?», demande-t-il avant de poursuivre : «Je pensais que le pouvoir avait pour devoir de défendre les intérêts du peuple : à savoir à savoir la protection des personnes et des biens. Mais je constate à la suite de vos menaces à peine voilées que les intérêts de vos compatriotes sont les derniers de vos soucis».

Il n’en veut d’ailleurs pour preuve que l’absence de suite concernant sa plainte sur les évènements du 19 décembre dernier lorsqu’il a été empêché de faire une déclaration publique, alors que les auteurs desdits troubles ont formellement été identifiés. Au sujet de la seconde menace, le correspondant de Moubelet Boubeya prend à témoin ses compatriotes et la communauté internationale. «Je comprends d’après vos propos que vous ne pouvez pas m’éliminer, vous vous en prendrez donc soit à mon épouse, à mes enfants, ma mère, mes frères et sœurs», a déduit Léon Paul Ngoulakia avant de s’interroger : «Le ministre de l’Intérieur a-t-il placé un contrat sur la tête d’un Gabonais et sa famille ? Quelle en est la cause ?» Passant à la menace suivante, il s’étonne de ce qu’aux yeux du ministre, les salutations en langues vernaculaires et l’utilisation du mot «dialogue» tiennent de la subversion. «Au sein des familles, le dialogue n’est-il pas le fondement du vivre ensemble ? Parler la langue vernaculaire est-il un délit ?», a-t-il rétorqué avant d’affirmer, un brin didactique : «Sachez pour votre gouverne et pour le prestige des fonctions que vous exercez que le dialogue est consubstantiel à la nature humaine. Et la force de ceux qui maîtrise la connaissance et dirigent le monde ont choisi le dialogue comme mode de règlement des conflits qui secouent les sociétés».

Au sujet de la substitution aux prérogatives du chef de l’Etat, Léon Paul Ngoulakia pense que cela traduit l’absence de dialogue, la renonciation à la cohésion sociale chez le ministre de l’Intérieur ainsi qu’une rupture avec le peuple. «Ce constat m’amène à conclure que lorsqu’on n’a pas la connaissance des principes et la culture des fondamentaux de protection du citoyen (…) je crains qu’il soit prétentieux de se substituer au chef de l’Etat dans certaines de ses charges régaliennes», a-t-il soutenu.

En venant à l’impossibilité de victoire d’un opposant aux élections, Ngoulakia rappelle dans son courrier que «la Constitution et les lois en vigueur au Gabon nous apprennent que l’élection du président de la République dépend de la volonté du peuple et non du bon vouloir d’un individu fût-il ministre de l’Intérieur». «Si selon vous, parler aux clans, amis, alliés et connaissances (…) sur les raisons de ma démission du Parti démocratique gabonais (PDG) et les édifier sur ma vision de la patrie et de la République font de moi un potentiel candidat, alors je le serai», a-t-il poursuivi. On peut donc d’ores et déjà ajouter le nom de Léon Paul Ngoulakia sur la liste des candidats à la toute prochaine élection présidentielle.

Revenant sur les vacances que lui a recommandées Pacôme Moubelet Boubeya et le fait de se taire, Léon Paul Ngoulakia s’est voulu quelque peu moqueur. «J’ignorais qu’il était de votre ressort de planifier mes vacances», a-t-il ironisé avant de répondre que le Gabon est malade : «Mon devoir de citoyen m’interpelle, je reste à son chevet car mes intérêts sont liés à ceux de mes compatriotes». Sur le second aspect de cette dernière menace, il s’est voulu formel : «Ma liberté ne s’emprisonne pas tant que je n’ai porté atteinte ni à l’intégrité territoriale, ni à la stabilité de mon pays».

Pour la chute de sa correspondance, Léon Paul Ngoulakia a vraisemblablement choisi de revêtit son tablier et ses gants de Franc-maçon pour donner une résonnance spirituelle à sa réplique : «Monsieur le ministre et cher frère, l’ordre auquel nous avons librement adhéré de notre plein gré et consentement, nous enseigne depuis les temps immémoriaux, à participer à la construction d’un meilleur monde, à devenir des hommes de valeur dans la cité, à défendre les opprimés, à refuser l’arbitraire et l’injustice, à cultiver l’amour fraternel, à assurer les libertés individuelles, à conforter la démocratie et, enfin, à défendre dans l’honneur les causes justes pour que les peuples puissent vivre en paix. Hélas ! Peine perdu. Mais l’Omniscient, l’Omnipotent, Omniprésent veille», a-t-il conclu avant de renvoyer le ministre de l’Intérieur à la lecture de quelques versets bibliques : «L’Ecclésiaste chapitre 10, versets 4 à 20».

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