Jugée insipide, dénuée d’attrait et totalement en déphasage avec la réalité et les attentes des populations, la cérémonie de présentation de vœux à Ali Bongo a viré au concert de panégyriques.
Au terme de la cérémonie de présentation des vœux au président de la République, le 6 janvier dernier, les commentaires étaient plutôt défavorables aux différents intervenants. Pour beaucoup, ni les diplomates, ni les partenaires sociaux n’ont été à la hauteur des enjeux du moment. Alors que la cérémonie a donné lieu à un spectacle désobligeant, alimenté par des discours faussement lyriques, les intervenants ont manqué de «dire leurs quatre vérités» au président de la République, préférant lui passer la brosse à reluire.
En effet, visiblement rassuré de ce que tout le monde le trouve formidable, Ali Bongo est apparu sûr de lui, certains intervenants, notamment la présidente de la Cour constitutionnelle et sa collègue du Sénat ayant même donné le sentiment de jouer à qui prononcera le discours le plus élogieux. Dans le même ordre d’idées, alors qu’il a habitué l’opinion aux sorties critiques à l’égard de la gouvernance actuelle, le président de l’Assemblée nationale a semblé hurler avec les loups.
A quelques mois de la présidentielle, tout ceci renvoyait l’impression qu’un mot d’ordre avait été donné afin de faire bloc autour du président de la République. L’on serait donc tenté de croire que les louanges des forces de sécurité et de défense ainsi que les compliments des représentants de la justice visent à indiquer le choix d’entités censées être politiquement neutres. Sinon comment comprendre tout cet assaut de bons sentiments ? Surtout, comment comprendre que le bilan fait par les différentes intervenants ait été aussi peu en phase avec la réalité ? «Ça a été une des plus ennuyeuses voire l’une des plus indigestes cérémonies de présentation de vœux qu’il m’ait été donnée de regarder depuis longtemps», a lancé, l’air dégouté et surpris, un téléspectateur de Gabon Télévision. Pis, à en croire des journalistes, la cérémonie et les discours étaient si bien préparés à l’avance par la présidence de la République que, lors du passage de Lin-Joël Ndembet, directeur de la rédaction du quotidien L’Union et représentant de la presse écrite et en ligne, peu d’acteurs de la corporation ont souhaité se lever, ainsi que l’exigeait le protocole. Motif : le discours de celui qui a déploré la non-ratification de l’ordonnance n°18/PR/2015 relative à la liberté de la communication, récemment rejetée par l’Assemblée nationale, ne cadrait nullement avec les attentes des journalistes. Pour certains, cette cérémonie, mieux qu’une simple présentation de vœux, marquait le début de la campagne électorale d’Ali Bongo, avec les soutiens qui vont avec.