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Diaspora : ces artistes en guerre contre les clichés
Publié le mercredi 6 janvier 2016   |  Ogooue Infos




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RT CONTEMPORAIN. C'est une tendance de plus en plus forte par laquelle des artistes écrivent l'histoire de l'Afrique d'aujourd'hui, leur Afrique.




Artisanal, coloré, pas conceptuel. Et si l'on balayait ces clichés sur l'art contemporain africain pour créer autre chose, reflet d'une vision plus moderne du continent ? Telle est l'idée d'un nombre croissant d'artistes de la diaspora africaine. Leur méthode : se jouer des préjugés qui leur collent à la peau parce qu'ils viennent d'Afrique ou parce qu'ils sont censés en venir. Concrètement, ils mêlent traditions et signes de la modernité africaine. Ainsi du Béninois Meschac Gaba, dont les perruques tressées et métissées ont été exposées jusqu'à la fin de l'été dans la petite salle à l'entrée du musée de l'Immigration de Paris. À travers elles, l'artiste œuvre pour « sortir du carcan qui ne justifie l'Afrique que par la tradition ». Il joue sur les apparences : ses pièces qui ont l'allure de perruques traditionnelles aux couleurs primaires, deviennent des véhicules miniaturisés et des gratte-ciel quand on s'en rapproche. Une double lecture, traduction d'une réalité de la société africaine urbaine d'aujourd'hui, qui rêve de consommation bling-bling et utilise des tresses… made in China ! Pour Pascal Neveux, directeur du Fonds régional d'art contemporain Paca à Marseille, « le projet de Meschac Gaba est ambitieux non seulement au sens où l'artiste réussit de cette façon à s'émanciper du qualificatif d'artiste africain, mais aussi parce qu'il oblige le public à reconsidérer cette façon de mettre systématiquement des étiquettes ».

S'insérer dans l'art universel...

Des étiquettes, le peintre d'origine soudanaise Hassan Musa en a souffert lors de ses premières démarches en France il y a 35 ans. Dans ses peintures, l'artiste détourne l'imagerie triviale véhiculée par les motifs africains en les mêlant à une iconographie plus large, extraite notamment de la Bible. S'il est reconnu aujourd'hui dans le milieu, les galeries refusaient de l'exposer à ses débuts. Elles ne retrouvaient pas dans son travail ce que l'on attendait de lui : un art « typiquement » africain. D'où son invention du terme d'artafricanisme pour rejeter « une dynamique inventée par les institutions qui ne correspond pas à une réalité sociologique des Africains ». Hassan Musa renchérit : « L'artafricanisme est un art que l'on suppose que les Africains produisent, mais il est pensé en Europe, par les Européens. Il contribue à une machine d'exclusion qui a conscience que les artistes nés en Afrique font partie de la scène contemporaine mais on les met dans une sorte de réserve pour les arts extra-européens ».

... et garder sa singularité

Lorenz Homberger est commissaire de l'exposition Les maîtres de la sculpture de Côté d'Ivoire , au musée du quai Branly. Il explique une réalité souvent occultée par les Occidentaux : « Trop souvent considéré comme une activité artisanale uniquement impliquée dans des activités rituelles, l'art africain, à l'instar de l'art occidental, est le fait d'artistes individuels dont les œuvres témoignent d'un savoir-faire personnel ». Non, les artistes africains ne peuvent pas être rangés dans une seule et même case. Pour le Sénégalais d'origine Ousmane Sow, premier Noir à devenir membre de l'Académie des Beaux-Arts de Paris l'année dernière, « de par leur histoire, les Africains ne sculptent pas comme les non-Africains. Mais cette africanité s'arrête là, car notre souhait est de nous insérer dans l'art contemporain universel. »

Réutilisation des stéréotypes en pastiche

L'une des pionnières de ce mouvement de réinvention des carcans est la plasticienne afro-américaine Betye Saar. Dans les années 70, elle avait popularisé l'empowerment , dans le but de réutiliser « des stéréotypes sous forme de pastiche ». Mais jamais l'ampleur n'avait été aussi importante qu'aujourd'hui. Et n'avait attiré autant de monde. L'exposition « Attention, travail d'arabe » d'Ali Guessoum a intéressé l'année dernière environ 5 000 visiteurs dans la mairie du 18e arrondissement de Paris. Le but de ce publicitaire qui a quitté l'Algérie pour la France à l'âge de 7 ans : « exorciser la douleur par l'humour » pour déconstruire les stigmatisations d'antan qui n'ont plus lieu d'être aujourd'hui. L'humour est une arme utilisée également par l'artiste égyptienne Ghaba Amer, aujourd'hui new-yorkaise. Sous couvert de broder un motif traditionnel, elle cache dans son œuvre Not about orange une femme… en train de se masturber ! De la tradition à la création, il n'y a qu'un pas que beaucoup d'artistes contemporains d'origine africaine n'hésitent plus à franchir.



Avec le Point Afrique

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