Alors que certains y voient une stratégie en vue de préparer dans les meilleures conditions la présidentielle de 2016, d’autres perçoivent le lancement du processus de désignation du candidat unique du Front comme une façon de créer la pagaille au sein de l’opposition.
La formule est certes triviale, mais pour beaucoup d’observateurs de la vie politique nationale, à l’instar de l’écrivain Janis Otsiemi qui, à la publication, dans le quotidien L’Union, du communiqué du Front de l’opposition pour l’alternance rappelant le chronogramme relatif à la désignation du candidat unique de cette plateforme, a écrit : «l’opposition gabonaise est la plus bête du monde». Pour tout dire, même si le commentaire de l’auteur d’African Tabloid (2013) n’est qu’une servile reprise du propos de Guy Mollet au sujet de la droite française, il nourrit la controverse. En tous les cas, au sein de l’opposition, particulièrement au Front, de nombreuses personnes semblent alimenter de sourdes tensions intestines. Si l’ancien président de cette plateforme, Jean de Dieu Moulagni-Iwangou, avait déjà mis en garde contre les agissements de certains de ses alliés, usant de «l’argent sale» pour se créer une hypothétique popularité, l’entêtement de certains à imposer un chronogramme de désignation du candidat unique à la présidentielle de 2016 apparaît comme une raison de plus de penser que l’opposition est véritablement au bord de l’implosion. Du moins que cette plateforme n’est constituée, en réalité, que d’égoïstes et de personnes fourbes, sans la moindre considération pour l’intérêt national. Sinon comment comprendre qu’elles aient tant de mal à s’accorder sur un calendrier?
En effet, alors que le secrétaire exécutif prétendait être chargé de recevoir les dossiers de candidature, communiquant même les dates de clôture, d’audition et de convocation du collège électoral, d’aucuns l’accusaient d’entretenir une certaine pagaille et de chercher à saper l’autorité du président en exercice.
On pouvait s’interroger sur le silence de Pierre-André Kombila face à cet imbroglio, jusqu’à ce qu’il ne publie, ce 3 janvier, un communiqué confirmant le micmac qui se trame : «Le président en exercice du Front, le Pr Pierre André Kombila, informe l’opinion que le chronogramme de l’élection du candidat unique du Front, publié par communiqué numéro 31215 du quotidien l’Union et signé du secrétaire exécutif, M.Fulbert Mayombo Mbendjagoye est un faux. Il prouve, manifestement, une volonté de certains membres d’opérer un passage en force. Ce programme n’ayant jamais été adopté par la conférence des présidents du Front, tel que le prévoient les statuts et le règlement intérieur, il est, par conséquent, nul et de nul effet. Il en est de même du pseudo retrait de dossier de candidature effectué en catimini par un des membres du Front», peut-on lire sur la page Facebook officielle Pierre-André Kombila.
Est-il nécessaire de rappeler qu’au cours d’un récent entretien à l’hebdomadaire Echos du Nord, il s’était interrogé sur les réelles ambitions de ses compagnons : «Sommes-nous à la hauteur de notre serment du 14 juillet 2014 ? Sommes-nous, comme nous ne cessons de le clamer dans nos déclarations, au service du Gabon et du peuple gabonais ?» Le président en exercice du Front avait alors reconnu qu’au sein de cette plateforme «il y a une fraction qui veut à tout prix que soit organisée actuellement l’élection du candidat de l’opposition pour la prochaine élection présidentielle, occultant tous les problèmes relatifs à la transparence électorale». Comme quoi, la précipitation de certains membres, outre le fait qu’elle cache certainement de sombres ambitions, met visiblement la cohésion et l’entente des signataires à rude épreuve. Pour beaucoup, la situation devrait s’empirer jusqu’à la dislocation définitive du groupe. Ce qui reste possible, au grand bonheur de la majorité, dont certains œuvrent à entretenir la chienlit.