Après le bilan peu glorieux du gouvernement, il y a quelques mois, le président de la République a reconnu les limites de sa politique, menée tout au long des six dernières années.
A huit mois de la fin de son mandat, le président de la République semble plutôt réaliste voire honnête pour certains, qui ont apprécié la tonalité de son discours du 31 décembre dernier. Si ses précédentes sorties étaient apparues beaucoup moins digestes, en raison de sa posture consistant à nier l’évidence et à faire mentir les chiffres quand la situation sur le terrain est moins glorieuse, c’est parce que pour beaucoup, les réelles attentes des populations ne semblaient pas le préoccuper le moins du monde. Ali Bongo paraissait vivre hors du pays, au regard de sa méconnaissance des difficultés vécues par les populations, malgré les multiples projets et chantiers lancés à tout-va, sans réel suivi. Or, l’on peut estimer que son dernier discours à la nation est un des plus «vrais» qu’il ait prononcés. L’on y voit une volonté de renouer avec la réalité, de montrer qu’il daigne désormais entendre les plaintes des populations. On y voit surtout une sorte de mea culpa, aux allures de bilan de fin de mandat. Ce qui n’a pas manqué de toucher certains, bien que d’autres, outre les nombreuses critiques portées au discours, y ont vu «un autre mensonge, visant à susciter la compassion des Gabonais».
N’empêche, plus ou moins sincère, le président de la République, qui n’a pas souhaité verser dans l’autosatisfaction, a dit être «conscient des difficultés que nombre d’entre nous rencontrons au quotidien», et noté qu’«en dépit de nombreuses réalisations de ces six dernières années, beaucoup reste à faire». Si ce demi-aveu a été fait dès l’entame du discours, à la présidence de la République, l’on assure que l’heure n’est plus aux exercices de style discursif mais à la reconnaissance des erreurs et plus que jamais à l’action. Plus de six après ? Cette découverte n’arrive pas trop tôt. Pourtant, Ali Bongo le sait : il est attendu au tournant, ainsi qu’aiment à le rappeler les populations. Et le président de la République de se lancer dans une verve poétique à l’anaphore peu goûteuse: «Beaucoup reste à faire. Car la précarité et l’injustice sociale brutalisent encore de nombreux compatriotes. Beaucoup reste à faire pour lutter davantage contre le chômage, la pauvreté, l’insécurité, l’impunité, la dilapidation des deniers publics. Beaucoup reste à faire pour offrir un habitat digne et décent à nos compatriotes. Beaucoup reste à faire pour renforcer l’Etat de droit, la justice et la démocratie». Si la recherche du beau discours est niée par ses collaborateurs, il n’en demeure pas moins que l’aveu d’échec est net. D’autant qu’une fois de plus, Ali Bongo a reconnu le flop enregistré dans le secteur du logement. «Je reste fortement insatisfait des résultats que nous avons enregistrés dans certains domaines dont le plus manifeste reste celui du logement. Je vis comme une injustice insupportable, le fait que nombre de nos compatriotes éprouvent encore des difficultés à se loger décemment», a-t-il déclaré, avant d’appeler le gouvernement à tenir ses engagements, s’agissant de la livraison des premiers logements sociaux annoncés pour la fin d’année 2015. Une annonce qui n’a jamais été suivie d’effet. Toutefois, prononcé à huit mois de la fin de son mandat, peut-on croire à la sincérité du discours du président de la République? Les mois qui viennent seront déterminants. Ils permettront de faire le point sur les réalisations du mandat.