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Gabon: Le gouvernement serait-il une junte militaire devenu ?
Publié le lundi 28 decembre 2015   |  Gabon Review


14ème
© Autre presse par DR
14ème édition des journées de la Défense nationale : Défilé, démonstrations, décorations


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Le mercredi 23 décembre 2015, à la faveur de clôture de la 14ème édition des Journées de la défense nationale, la posture prise par l’exécutif interroge l’observateur s’il n’inquiète le citoyen.

Ce jour, Akouango village, site touristique situé au Cap Santa-Clara (nord de Libreville), a vu arriver Ali Bongo vêtu d’un uniforme militaire de type «treillis», arborant 5 étoiles sur sa casquette, militaire elle aussi et des lunettes noires de soleil. Le président Ali Bongo a effectué le salut militaire devant le drapeau, tel un général d’armée. «Pas de problème, indique un ancien militaire Français, si un civil ne doit pas faire le salut militaire, même en France, le seul civil habilité à le faire c’est le président de la république (chef des armées) ; même le ministre de la défense ne peut pas le faire. Par contre, le port de l’uniforme n’est réservé qu’aux militaires actifs ou réservistes»

Au cours de la même journée, sur les mêmes lieux, le président de la République a pris un véritable «bain de troupes» avec les femmes, hommes et enfants des armées du Gabon, dansant avec les uns, posant avec les autres.

Sur le même théâtre des opérations, Daniel Ona Ondo, Mathias Otounga Ossibadjouo, Jean-Marie Ogandaga, Simon Ntoutoume Émane, Pacôme Moubelet Moubeya, Christian Magnagna se présentaient eux aussi à la tribune vêtus treillis militaires. Le ministre de la Défense, Mathias Otounga Ossibadjouo, a même posé une décoration militaire sur la poitrine de Simon Ntoutoume Emane, le ministre du Travail. Aucune de ces personnalités n’étant connue ou enregistrée comme officier de réserve ou Général de seconde section, il semble clairement qu’elles agissaient en leurs qualités respectives de Président de la République, Premier ministre et ministres. Ce qui n’a pas manqué de susciter les interrogations de certains observateurs et l’inquiétude de quelques citoyens perspicaces.

«La forme est protectrice des libertés», dit le sage. La première lecture des images de cette manifestation pourrait privilégier le mauvais goût pour qualifier ce mercredi 23 décembre 2015. Mauvais goût et ignorance des convenances républicaines, pourrait-on dire. Il est en effet connu de tous, concernant le port de l’uniforme militaire, qu’il s’agit avant tout d’un habit réglementaire, que tous les membres d’un groupe doivent porter selon des règles bien établies. «C’est une tradition qui vient de l’Empire romain. Il en est ainsi des uniformes et des insignes militaires. Ceux-ci ne sauraient être utilisés par des dépositaires de l’autorité de l’Etat dans un cadre autre que ceux pour lesquels ils sont prévus», renchérit à son tour un militaire Gabonais à la retraite, avant d’ajouter : «les médailles militaires sont réservées aux militaires ou aux personnalités ayant rendu des services particuliers aux armées et les militaires ne dansent pas avec le Chef suprême des armées.»

Mais ne faudrait-il se limiter qu’à l’aspect esthétique pour apprécier ces évènements ? Ne faudrait-il pas également s’interroger plus avant ? En avril 2009, dans le cadre, là aussi des journées de la Défense nationale, Ali Bongo, alors ministre de la Défense, était opportunément interrogé sur sa filiation avec Omar Bongo Ondimba. On sait désormais que c’est par tactique que la question de la filiation du Chef de l’État avec Omar Bongo Ondimba a été publiquement évoquée en premier par Ali Bongo lui-même. C’est sans doute le lieu de se demander ce que pourrait viser cette théâtralisation qui transformerait, sans le dire, le Gabon en junte militaire. Il y a un an, ce furent les seuls ministres de la Défense nationale et de l’Intérieur qui s’étaient ainsi vêtus. Cette année, le Premier ministre, les ministres du Travail, de la Fonction publique et celui du Budget se sont joints à eux tandis que le Chef de l’Etat a ajouté cinq (5) étoiles à sa casquette. Il y a un an, c’est Madame le Président de la Cour Constitutionnelle qui était décorée de la Médaille militaire. Cette année c’est le Ministre du Travail.

Au moment où s’ouvre une année 2016 que tout le monde annonce critique pour le Gabon et sa stabilité, cette attitude de l’exécutif qui s’apparente à une dérive mériterait que chacun s’y arrête et y réponde en conscience et en responsabilité.

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