Accusé d’avoir usé d’un faux décret pour s’approprier une immense parcelle dans la commune d’Akanda, cette société civile immobilière a reçu un soutien de poids, la présidence de la république ayant publié un communiqué pour l’innocenter.
Dans sa parution du 14 décembre dernier, Echos du Nord, d’ailleurs repris par Gabonreview, s’était intéressé à l’«affaire SCI aménagement Avorbam», du nom de la société immobilière vraisemblablement gérée par Claude-Michel Sézalory. Si notre confrère avait subodoré une magouille dans l’obtention par cette entreprise d’une importante étendue de terre à Angondjé, dans la commune d’Akanda, il y avait vu l’œuvre d’un trio, évoquant l’ inexistence d’un décret de cession de ce terrain, évalué à 682 650 m2. En ligne de mire : le maire la commune d’Akanda, le directeur général de l’Agence nationale de l’urbanisme, des travaux topographiques et du cadastre (ANUTTC) et un géomètre de l’ANUTTC. Ces trois personnes auraient simplement créé un décret n° 0714 du 22 juillet 2013. Pis, affirmait Gabonreview à la suite de nos confrères, la signature de l’ancien Premier ministre, Raymond Ndong Sima, avait été «falsifiée et scannée par les titulaires dudit décret». Une affaire qui a récemment fait réagir la présidence de la République selon laquelle «cette histoire un est grossier mensonge, qui n’honore ni la profession ni le journal qui la rapporte».
Selon la présidence de la République, qui a diffusé une copie du décret portant cession de toute propriété à la société civile immobilière mise en cause, la SCI aménagement d’Avorbam a agi conformément aux normes en vigueur. S’agissant de l’authenticité du décret querellé, elle indique qu’il a bel et bien été signé par l’ancien Premier ministre, l’ancien ministre de l’Economie, de l’Emploi et du Développement durable, et visé par le conseiller spécial, conseiller juridique du président de la République, le tout daté du 22 juillet 2013. «Il n’est donc pas juste de dire que ce document a été falsifié par le concessionnaire, d’affirmer que Raymond Ndong Sima aurait nié avoir signé le décret, comme il n’est pas sérieux de prétendre que les agents de la direction générale des Recherches ont mené une enquête sur cette affaire sans jamais avoir trouvé trace du décret en question, d’autant que, conformément à la loi, ledit décret avait été publié et communiqué dans les organes officiels. Ajouté à cela, en novembre dernier, suite à une correspondance de la DGR sur la question, une note et une copie du décret et du registre leur ont été adressées en retour», affirme la présidence de la République, qui assure que les parcelles ont été cédées au concessionnaire en vue de l’aménagement d’un lotissement à usage d’habitation et d’une marina.
Pour certains, la mise en cause du maire d’Akanda pourrait cacher des choses. Il s’agit soit d’un règlement de comptes par média interposé, fomenté par un potentiel concurrent, soit d’une volonté de nuire. Toutefois, d’aucuns prévoient déjà des représailles, aussi bien de la part de la DGR que de celle de l’ancien Premier ministre, dont l’ancien directeur de cabinet, dépêché à la même DGR dans le but d’authentifier le document en question, l’aurait jugé faux. L’affaire est donc loin d’avoir connu son épilogue, d’autant qu’aux dernières nouvelles, le tribunal de Libreville n’aurait pris connaissance de la fameuse «affaire» que par voie de presse. Il se trouve, en effet, qu’aucune juridiction n’a diligenté d’enquête sur ce sujet. Mais que vient chercher la présidence de la République dans cette affaire ? Pourquoi s’érige-t-elle en avocat de la SCI aménagement Avorbam, du maire d’Akanda et de l’ANUTTC ? Les personnes physiques et morales mises en cause ne peuvent-elles pas se défendre toutes seules ? Que penser du fait que le maire d’Akanda soit partie prenante d’une société civile immobilière ? Que dire du fait que le directeur général de l’ANUTTC fasse partie du conseil municipal d’Akanda ? De quoi alimenter toutes les supputations…