Simplice Rey Mbina, ancien député du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), cité dans une affaire de crime dit rituel dans la province de la Nyanga, s’est livré à la justice le vendredi 18 décembre 2015, sans doute pour se protéger de la vindicte populaire.
Décidément, la province de la Nyanga est en passe de s’ériger en plaque tournante des affaires de crimes dits rituels au Gabon. Après l’affaire de l’ex-sénateur du Parti gabonais du centre indépendant (PGCI), cité dans une affaire de crimes en série dans cette même localité du sud du pays, voici qu’un autre crime du même acabit est porté au grand jour. Cette fois, c’est l’ancien député du PDG du 3e siège du département de Mougoutsi, Simplice Rey Mbina, accusé, qui s’est livré à la justice. Selon le journaliste Jonas Moulenda, l’ex-député du PDG est «cité comme commanditaire d’un assassinat avec prélèvement d’organe survenu le 27 novembre dernier à Mandilou 2, bourgade située près de Tchibanga». L’ancien élu du peuple est allé, de lui-même, se livrer à la brigade centre de gendarmerie de la localité. Il a été aussitôt placé en garde à vue, en attendant d’être présenté devant le parquet de la République.
Selon notre confrère, le pot aux roses a été livré par l’assassin présumé, Bivigou Mamboundou, alias Jean Dizos. Au cours des enquêtes préliminaires, cet homme d’une quarantaine d’années, a présenté l’ancien député comme le commanditaire du meurtre en question. Lors de l’interrogatoire, «le quadragénaire a déclaré avoir été approché par deux de ses congénères, Olivier Nzamba Mouinzi, secrétaire de section du PDG 3e canton, et Fabrice Moudoki, vice-secrétaire fédéral du même parti, du reste, cadet de Rey Simplice Mbina, pour aller rencontrer ce dernier». Le présumé assassin raconte que le parlementaire lui aurait demandé du sang et des organes humains en échange d’une somme de 300 000 francs CFA. «Je leur ai dit que je pouvais seulement tuer et qu’eux-mêmes allaient se débrouiller pour prélever les organes et le sang sur la victime», a expliqué Bivigou Mamboundou lors d’un interrogatoire à la brigade de gendarmerie de Tchibanga, ainsi que rapporté par notre confrère.
On apprend à cet effet, d’après les premiers éléments de l’enquête, qu’une fois le marché conclu, le présumé meurtrier aurait choisi de mettre un terme à la vie de son voisin, Jean-François Boulingui, avec qui il pratiquait la chasse en forêt. Et le 27 novembre dernier, «le quadragénaire s’est emparé de son fusil de calibre 12 avant d’aller piéger sa cible dans la forêt qu’ils fréquentaient tous deux», explique notre confrère, par ailleurs directeur du journal Faits Divers.
C’est donc dans cette forêt, loin des regards, qu’il aurait abattu son compagnon qui allait y visiter les pièges qu’ils avaient tous les deux tendus. Comme convenu, sieur Bivigou Mamboundou n’a pas procédé au prélèvement d’organes sur sa victime. Il est plutôt retourné au village informer ses supposés complices de son forfait. A ce qu’il semble, ce sont Olivier Nzamba Mouenzi et Fabrice Moudoki qui se sont rendus sur les lieux du crime pour effectuer les prélèvements de sang et autres organes avant de faire disparaître le reste du corps mutilé. Face à l’absence de la victime dans le village, ses proches ont entamé des recherches dans la forêt, en vain. Selon notre source, «quatre jours plus tard, ils ont mis à contribution un maître spirituel». Ce dernier a plutôt désigné deux notables du village, Mouketou et Nzamba, d’avoir fait disparaître le corps de Jean-François Boulingui en complicité avec un troisième homme nommé Mbounda, alias Madouabi.
Très vite, les villageois ont décidé mettre la pression sur les trois hommes pour qu’ils indiquent l’endroit où ils auraient caché le corps du quinquagénaire. Mais les trois suspects ont clamé leur innocence. Avides de vérité, les villageois ont allumé un feu au pied d’un arbre et y ont placé les trois suspects, pour les contraindre à passer aux aveux. Sans succès. Dans la foulée, Mbounda s’est brûlé au troisième degré et transporté au Centre hospitalier régional de Tchibanga, avant son évacuation à l’hôpital évangélique de Bongolo, à Lébamba, dans la province de la Ngounié. Il y a succombé aux coups et brûlures reçus.
La brigade de gendarmerie de la localité informée, s’est rendue sur les lieux puis a ouvert une enquête sur la disparition de Jean François Boulingui. Elle a en outre interpellé plusieurs villageois. C’est grâce à un interrogatoire musclé que Bivingou Mamboundou, la dernière personne à avoir vu le disparu, est finalement passé aux aveux. Il aurait déclaré l’avoir abattu à coup de fusil avant de donner l’alerte aux deux supposés intermédiaires de l’ancien député. Interrogés à leur tour, ces derniers auraient réfuté les accusations de leur congénère, allant jusqu’à déclarer qu’ils ne le connaissaient pas. Mais leurs arguments n’auraient pas convaincu les enquêteurs. Au terme de l’enquête préliminaire, ils ont été présentés mercredi dernier devant le parquet de Tchibanga et placés sous mandat de dépôt, en attendant la fin de l’enquête.