Pour tenter de rallier l’opinion à sa cause, alors que s’approche la présidentielle de 2016, le président de la République n’a pas fini de multiplier les visites et les coups de communication sur le terrain.
On l’a vu : six ans après son arrivée au pouvoir, le bilan d’Ali Bongo est loin d’être un franc succès. Pour certains, les carottes sont cuites au regard de l’arrêt de nombreux chantiers. Arrêts ou ralentissements que des responsables d’entreprises disent résulter de l’incapacité de l’Etat à régler ses dettes. Récemment, Ali Bongo a tronqué ses souliers pour des sneakers, afin d’arpenter le terrain. Oubliées la boue, la difficulté du trafic routier, depuis quelques temps, Ali Bongo semble prendre plaisir à faire du terrain. Les mauvaises langues pensent d’ailleurs qu’il a découvert de nouveaux êtres vivants : «les Gabonais d’en-bas». A moins de dix mois de la prochaine présidentielle, le fait n’est pas anodin.
En effet, conscient que l’atmosphère n’est pas du tout à son avantage, le président de la République multiplie les visites des chantiers, non sans perdre de vue que le mal est fait. Pour des observateurs, ce regain d’intérêt pour les routes a une seule explication : les poses de premières pierres n’ont que rarement été suivies par des vérifications. Or, le 12 décembre dernier, miracle, Ali Bongo l’a reconnu : «Les Gabonais demandent des routes mieux construites.» Si, à l’évidence, il est un peu tard pour s’en rendre compte, nul ne doute que tout ceci n’est, en réalité, qu’une façon de s’attirer la sympathie des électeurs. Bref, Ali Bongo est en campagne électorale et, peu de ses collaborateurs s’en cachent. L’adage «Ce sont les petites rivières qui forment les grands fleuves», repris par lui, exprime parfaitement la visée de son initiative, lancée en novembre dernier, au cours de laquelle il s’était adonné à la mode des «selfies», publiés sur tous les réseaux sociaux, avec un seul objectif : montrer qu’il est aux côtés des Gabonais. Comment en douter, sil l’on en juge au sourire des jeunes sur les photos ?
Toutefois, après l’annonce, la semaine dernière, d’une opération d’inspection des chantiers, initiée par le Comité interministériel d’audit et de certification de la dette intérieure de l’Etat (CIACDIE), l’on s’interroge sur l’intérêt de multiplier autant les visites. D’autant qu’au terme de sa visite au carrefour Charbonnages, au marché du PK7 et sous l’échangeur de la Gare routière, le président de la République s’est dit satisfait des travaux, tout en souhaitant que ceux-ci soient accélérés. Ainsi, le CIACDIE n’aura donc plus à se rendre sur le terrain. Il ne lui restera plus qu’à passer directement au règlement de la dette due aux différentes entreprises ayant conduit les chantiers.