Survenu à la suite d’échauffourées consécutives à la répression d’une manifestation de l’opposition, le 20 décembre 2014 à Libreville, le décès de Mboulou Beka demeure un mystère, une année après. Accusé de l’avoir «exécuté» pour donner l’exemple et créer un climat de terreur au sein de la population, comme pour la dissuader de prendre part à d’autres rassemblements du même genre, le gouvernement n’a réellement jamais communiqué sur les circonstances de la mort du jeune étudiant, dont la dépouille, présentant un impact de balle, est toujours à la charge de l’Etat. Si la famille du défunt est toujours en attente des résultats de l’hypothétique enquête ouverte par le parquet de Libreville, le gouvernement semble sur le point de faire la lumière sur une toute autre affaire, en apparence moins contraignante : le décès de Bérenger Obame Ntoutoume, la force publique étant, une fois encore, mise en cause.
Suite à la mort du jeune commerçant en novembre dernier, la direction de la Contre-ingérence et de la sécurité militaire avait diligenté une enquête, alors que dans l’opinion, l’affaire était en passe de créer de nouvelles tensions, la majorité au pouvoir étant accusée de nier les droits individuels et de protéger des flics en porte à faux avec la loi. Pour beaucoup, la suite de cette affaire était connue d’avance : le dossier devait tomber aux oubliettes comme bien d’autres. Pourtant, plus d’un mois après, plusieurs auditions de hauts gradés et d’agents de police auraient été organisées par le «B2». Mieux, rapporte le quotidien L’Union du week-end écoulé, «les agents ont fait une reconstitution des faits en présence du procureur de la République de Libreville». Histoire de montrer que l’affaire est prise au sérieux et que des sanctions peuvent être prises. Si la bonne foi et la détermination des pouvoirs publics restent à prouver, l’on rapporte que les agents du «B2» devraient soumettre au parquet les conclusions de leur enquête dans les jours qui viennent, avant de laisser les juges jouer leur partition. Comme quoi, on n’est pas encore arrivé au bout du tunnel. D’aucuns estiment même qu’on en a encore pour plusieurs mois. Reste aux pouvoirs publics de les convaincre du contraire.
Le décès de Bérenger Obame Ntoutoume des suites de graves brûlures, faisait suite à sa protestation contre la confiscation et la destruction de sa marchandise par la police. Réclamant la restitution de sa marchandise, il aurait, selon la version officielle, choisi de s’immoler par le feu au commissariat central de Libreville. Depuis lors, le corps du jeune commerçant est à la charge de l’Etat, la famille ayant refusé de le prendre avant que toute la lumière ne soit faite.