Récemment mis en place, en vue de régler définitivement la créance de l’Etat vis-à-vis des entreprises nationales, le Comité interministériel d’audit et de certification de la dette intérieure de l’Etat (CIACDIE) a convenu, le 7 décembre courant, d’un chronogramme qui pourrait durer de longs mois avant tout règlement effectif aux entreprises.
L’Etat ne s’est jamais empressé de régler la dette intérieure. Au contraire, le sujet est presque toujours apparu comme l’occasion pour les représentants de l’administration de rivaliser d’arrogance et justifier le non-paiement d’une dette pourtant officiellement reconnue. A la faveur d’une rencontre pour le moins tendue avec les représentants du secteur privé, les pouvoirs publics ont tenté de jouer franc-jeu, de reconnaître leur responsabilité dans la crise qui touche le monde de l’entreprise, non sans promettre y remédier. C’est notamment dans cette optique que le Comité interministériel d’audit et de certification de la dette intérieure de l’Etat (CIACDIE) a récemment été mis en place. Cette instance a été réunie, pour la première fois, le 7 décembre courant à la Chambre de commerce de Libreville. Objectif : «Soumettre un chronogramme visant le règlement de la dette intérieure aux représentants d’entreprises réclamant des créances à l’Etat, et entendre leurs avis et propositions sur le sujet», a fait savoir son président.
Si Fabrice Andjoua Bongo Ondimba a tenu à rappeler que cet organe a été créé pour «restaurer la crédibilité de l’Etat vis-à-vis de ses partenaires et permettre aux entreprises de retrouver leur santé financière et lutter contre le chômage dans le pays», il a indiqué qu’il est chargé de certifier, vérifier, auditer, valider et consolider la dette intérieure de l’Etat, avant le paiement des créances dues par l’Etat aux différentes entreprises, dont le montant global est évalué à ce jour à près de 400 milliards de francs. Sauf qu’avant la création de cette entité, de nombreuses promesses du même genre avaient déjà été faites. Lors de son intervention, Francis Evouna, s’est d’ailleurs montré surpris par l’initiative de l’administration publique, d’autant qu’un travail similaire avait été fait au préalable, qui avait abouti à l’évaluation à près de 33 milliards de francs, que le gouvernement s’était engagé à payer au plus vite. Même qu’à la suite de la menace de plainte brandie par la coalition des PME-PMI gabonaises, le ministre du Budget et des comptes publics, a annoncé, en novembre dernier, que le règlement des premières créances, validées par la Commission de traitement de la dette intérieure (CTD), pour un montant global de près de 10 milliards de francs, allait être possible dans les plus brefs délais. La liste des entreprises concernées avait alors été publiée. Seulement, moins de deux semaines après, cette promesse vient d’être trahie et le résultat du travail de la CTD tout simplement écarté, au motif qu’il n’intégrait pas toutes les entreprises. Parce que, selon le président du CIACDIE, il s’agit désormais de recenser toutes les sociétés réclamant une créance à l’Etat.
La nouvelle stratégie de l’administration publique se résume en un chronogramme en trois phases, dont la mise en œuvre est évaluée à six mois. La première étape consiste à la création d’un guichet unique, «pour faire l’état des lieux de la véritable créance des différentes entreprises, en passant par le recensement de ces dernières». Un recensement qui pourrait durer trois semaines à un mois. La deuxième phase consistera, quant à elle, à la vérification sur le terrain du travail accompli par chacune des sociétés. Si cette opération pourrait durer deux mois, la dernière phase du processus permettra d’aboutir à un listing définitif des entreprises concernées. Ce n’est qu’après toutes ces étapes que le paiement effectif pourra s’effectuer. Comme quoi, on en est encore loin.
Toutefois, les membres du CIACDIE ont dit avoir pris en compte les propositions des représentants des entreprises réclamant la prise en compte de la première liste des entreprises recensées, l’appel aux autres non répertoriées à s’identifier au nouveau guichet unique, pour permettre à la phase de vérification de se faire au plus vite, et ainsi un rapide décaissement de l’argent dû. Les jours qui viennent seront donc déterminants pour les pouvoirs publics qui entendent «restaurer la crédibilité de l’Etat».