Remplacé par le Colonel Serge Ngoma, le Général Claude Sonnet a été limogé il y a quelques jours. Il ne sera resté à ce poste que onze mois ! Onze mois au cours desquels il a réhabilité le siège de la Préfecture de police et les commissariats d’arrondissement. Onze mois au cours desquels il a également lancé une section «Cycliste», sorte de «police mobile» sur vélos visible dans le centre ville de Libreville. L’une des grandes innovations de ces dernières années au sein de la Préfecture de Police de Libreville, estiment certains.
Les mois d’octobre et novembre derniers sont cependant venus assombrir le «beau bilan» de l’ancien médaillé d’or en cyclisme des Jeux d’Afrique centrale de 1976. Ces deux mois ont, en effet, été marquées par des bavures policières ayant causé un décès et des humiliations à des femmes. D’abord, l’affaire des «commerçantes dénudées» et filmées par un Commandant de police exerçant à la Préfecture de Police, selon la version des femmes concernées. Un scandale qui a défrayé, défraie encore la chronique et en a choqué plus d’un dans l’opinion, suscitant la réaction de nombreuses organisations de la société civile et des militants de partis d’opposition. Un mouvement de femmes conduites par Paulette Missambo a d’ailleurs organisé une marche de protestation à ce sujet…
Puis, est arrivée l’«affaire Béranger Obame Ndoutoume», dont «l’immolation-assassinat» a été, lui aussi, abondamment commenté dans les médias et dans l’opinion. Jeune homme vivant du commerce de friperie, Béranger Obame a vu un jour des éléments des Forces de Police nationale (FPN) exerçant à la Préfecture confisquer sa marchandise jusqu’à paiement d’amende. Il a fini par se révolter. Recueillie par son père sur son lit d’hôpital, la version du jeune homme est qu’il a été en réalité brûlé par un agent de police. Les autorités n’ont annoncé aucune enquête visant à faire la lumière sur ce qu’il s’est réellement passé et à déterminer les responsabilités. Le limogeage de Claude Sonnet est, pour de nombreux observateurs, lié à ces affaires qui n’ont pas honoré la Police gabonaise.
Quelques jours après l’affaire des «femmes dénudées», le Médiateur de la République, Laure-Olga Gondjout qui, en tant qu’ancien chef de la diplomatie gabonaise, connaît à quel point une telle situation peut détériorer l’image d’un pays, avait sollicité et rencontré le ministre chargé de l’Intérieur et de la Sécurité publique, demandant des sanctions à l’encontre des responsables de la Police.
Aujourd’hui, en plus de la suspension de six agents des Forces de Police nationale, le gouvernement a décidé de virer le Préfet de Police de ses fonctions. Le Général Claude Sonnet devait cependant prendre sa retraite en janvier prochain. Un bon nombre de commentateurs parlent donc d’un mauvais tour de prestidigitation, tant le truc est gros : le limogeage de Claude Sonnet à une poignée de semaines de la retraite ne peut vraiment sonner comme une sanction, plutôt comme un vaudeville à la gabonaise… de mauvaise facture.
Son successeur, le Colonel Serge Ngoma va avoir à «nettoyer les écuries» pour donner une image plus conforme à la Préfecture de Police. Serge Ngoma devient, à 49 ans, le huitième Préfet de Police de Libreville.