S’ils ne reconnaissent toujours pas le Conseil national de la démocratie (CND) comme le cadre approprié, des partis de l’opposition ont appelé, le 4 décembre courant, à la tenue d’un «dialogue national inclusif et sans tabou».
L’idée d’une discussion politique nationale sur les enjeux de l’heure refait surface. Le 4 décembre courant, les dirigeants de l’Union nationale (UN), du Parti social démocrate (PSD), de l’Union du peuple gabonais (UPG- Loyaliste), de l’Alliance pour le nouveau Gabon (ANG), de l’Alliance démocratique et républicaine (Adere) et du Rassemblement national des bûcherons (RNB), ont unanimement appelé à la tenue, dans les plus brefs délais, d’un «dialogue national inclusif et sans tabou».
Une discussion qu’ils veulent franche, et dont les actes doivent être exécutoires. Si cette idée rappelle la conférence nationale souveraine exigée par l’Union nationale et la société civile c’est que, pour ces partis de l’opposition, «l’heure est très grave». «Le Gabon traverse l’une des plus graves crises politiques de son histoire», peut-on lire dans la déclaration livrée à cet effet. «La situation commande un sens élevé du devoir et un amour sans réserve pour la patrie», souligne-t-on. Les signataires de cette déclaration en veulent pour preuve «le traitement inhumain, humiliant et dégradant infligé aux commerçantes gabonaises (et) la mort dans des conditions non encore élucidées de Mboulou Beka et Béranger Obame Ntoutoume».
Les signataires de cette déclaration considèrent que cette discussion permettra d’éviter le pire qui semble poindre à l’horizon. Mais pour ce faire, une nouvelle plateforme, plus appropriée, reste à mettre en place. Une plateforme qui n’est certainement pas le Conseil national de la démocratie (CND), ainsi que l’a toujours prétendu la majorité au pouvoir. Pour Zacharie Myboto, Pierre Claver Maganga-Moussavou, Jean de Dieu Moukagni-Iwangou, Séraphin Akoure-Davain, Georges Moussounda et Joachim Amvame, «si le pouvoir semble enfin acquis à l’idée d’un dialogue, de nombreuses difficultés subsistent quant à son cadre et aux modalités de sa mise en œuvre. Il estime, à cet effet, que le Conseil national de la démocratie en est le cadre approprié». «Or, rétorquent-ils, le CND n’est et ne demeure qu’un organe consultatif. Certes, après les dernières modifications de son texte organique, (il) peut désormais être consulté pour avis sur les projets de textes susceptibles de contribuer à la promotion de la démocratie, au bon fonctionnement des partis politiques et à l’amélioration du processus électoral, rien n’a fondamentalement changé. Autrement dit : le CND n’a aucun pouvoir de décision. Et de ce fait, à l’issue de ce dialogue national inclusif et sans tabou, les réformes éventuelles que le CND pourrait être amené à proposer ne seront pas exécutoires. Seul le pouvoir pourra en décider.» Et son texte fondateur modifié en témoigne.
S’agissant de la discussion à laquelle ils appellent, les signataires optent pour l’implication de la société civile, le tout sous la supervision des facilitateurs internationaux, notamment l’Organisation des Nations-unies (ONU), l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE), l’Organisation internationale de la Francophonie (IOF) et les Etats-Unis d’Amérique. «Le débat démocratique qu’impose cette situation critique ne saurait se limiter au seul face à face entre le pouvoir et l’opposition (….) parce que cette crise est politique, économique, sociale, culturelle et morale», estiment-ils.
«Toutefois, indiquent les signataires de la déclaration du 4 décembre, si ce dialogue devait avoir lieu au sein du CND, celui-ci doit connaître préalablement la modification de sa composition et de ses missions et prérogatives, notamment l’intégration de la société civile pour prendre en compte l’ensemble des composantes du peuple gabonais ; la modification de l’article 2 de la loi 13/96 du 15 avril 1996 modifiée, portant création du CND pour en faire un organe décisionnel dont les décisions s’imposent à tous». Les lignes vont-elles enfin bouger ? Voire…