S’ils indiquent que les leaders religieux et chefs traditionnels sont considérés comme les moins corrompus, avec des taux respectifs de 15% et 21%, les résultats du dernier sondage effectué par l’ONG Transparency International et le projet Afrobaromètre n’en ont pas moins épinglé plusieurs acteurs de divers secteurs d’activité dans 28 pays d’Afrique subsaharienne, parmi lesquels ne comptait pas le Gabon. De mars 2014 à septembre 2015, ce sondage d’opinion initié dans le cadre du rapport «People and corruption : Africasurvey 2015», ayant interrogé 43 143 personnes sur leurs expériences et perceptions de la corruption, a permis de se rendre compte que les politiques publiques ont encore beaucoup de mal à produire les effets escomptés. Pour 58% des personnes interrogées, la corruption a augmenté au cours des 12 derniers mois. «Beaucoup d’Africains, en particulier les populations défavorisées, subissent le poids de la corruption quand ils tentent d’avoir accès aux services publics de base dans leur pays. 22% des gens qui ont été en contact avec un service public au cours des 12 derniers mois ont versé un pot-de-vin», rapporte Transparency International.
Le service public le plus touché par le phénomène reste la police, 27% des personnes sondées ayant dit avoir été contraintes de graisser la patte aux agents pour diverses prestations, alors que l’accès aux écoles publiques et aux services de soin dans les structures publiques est rarement conditionné par cette mauvaise pratique. Toutefois, les avocats (28%) et hommes d’affaires figurent en bonne place.Malgré les conclusions décevantes de son sondage, Transparency International indique que quelques pays du continent se distinguent parmi les moins corrompus, et leurs populations semblent satisfaites des efforts entrepris pour lutter contre la corruption. Il s’agit notamment du Botswana, du Burkina Faso, du Lesotho et du Sénégal.
Sur tout le continent, 58% des personnes interrogées pensent que la corruption est en hausse, 22% pensent le contraire et 14% estiment que le phénomène n’a pas bougé depuis longtemps. «La corruption crée et alimente la pauvreté et l’exclusion. Alors que des individus corrompus qui jouissent d’un pouvoir politique mènent un train de vie somptueux, des millions d’Africains sont privés de la satisfaction de leurs besoins fondamentaux comme l’alimentation, la santé, l’éducation, le logement, l’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires. Nous appelons les gouvernements et les juges à venir à bout de la corruption, à mettre un terme à l’impunité et à mettre en œuvre l’objectif 16 des Objectifs de développement durable édictés par les Nations-unies visant à réduire la corruption. Nous exhortons également la population à exiger honnêteté et transparence et à se mobiliser contre la corruption. Il est temps de dire que ça suffit et de démasquer les corrompus», a déclaré José Ugaz, le président de Transparency International.