La ville de Medouneu dans le département du Haut-Komo était en fête, le dimanche 29 novembre. Fraîchement rentré d’une mission à Cotonou et à Monaco, le Premier ministre y est allé présenter le nouveau ministre délégué à l’Urbanisme et au Logement, Jean-Sylvain Bekalé Nzé, originaire de Medouneu. Les vieilles habitudes ont la peau dure…
En présence de tout le gotha politique woleuntémois, ainsi que des membres du gouvernement originaires du Septentrion – Paulette Mengue m’Owone (Culture, Arts, Education Civique), Pastor Ngoua Nneme (Economie numérique et Poste), Crépin Gwodock (délégué à la Protection de l’Environnement et des Ressources naturelles, à la Forêt et à la Mer) et Marie-Julie Biloghé-bi-Nzendong (délégué au Développement durable et à l’Economie) -, Daniel Ona Ondo a présenté aux populations du Haut-Komo le ministre délégué à l’Urbanisme et au Logement, Jean-Sylvain Bekalé Nzé.
Le geste du chef du gouvernement ne peut s’expliquer que par une volonté de ramener les pratiques d’antan tendant à «enfermer» les ministres dans une posture clanique, ethnique et départementaliste. Le plus surprenant est que le président, Ali Bongo, soutient cette démarche. Un conseiller du Premier ministre ayant assisté à la cérémonie avant de rentrer dans la nuit de dimanche à Libreville, affirme que «le chef de l’Etat a autorisé le Premier ministre à le faire. Il l’a même encouragé à le faire dans cette ville de Medouneu (ville natale d’André Mba Obame – ndlr) si symbolique pour le pouvoir émergent».
Ce que ne dit pas le conseiller du Premier ministre, c’est que, selon d’autres sources, lors de sa nomination au poste de Premier ministre le vendredi 24 janvier 2014, Daniel Ona Ondo avait sollicité et obtenu que les personnalités originaires du Woleu-Ntem devant siéger dans l’équipe gouvernementale ne soient proposées que «par lui et lui seul». C’est ainsi qu’il fit entrer Paulette Mengue m’Owone, Pastor Ngoua Nneme et Louis-Philippe Mvé Nkoghé, aux côtés de Fidèle Mengué m’Engouang qui y siégeait déjà. Exit donc Françoise Assengone Obame et autres…
La cérémonie de dimanche dernier n’est que la suite de ce processus. Daniel Ona Ondo n’est jamais allé présenter aux populations de l’Ogooué-Ivindo les ministres Alain-Claude Billie-By-Nzé et Chantal Abendang Mébaley, ou aux populations de la Ngounié Flavien Nzengui Nzoundou et Léon Nzouba par exemple, ou même aux populations de l’Estuaire Jean-Marie Ogandaga, Calixte Isidore Nsie Edan ou Flore Joséphine Mistoul Yamé. La démarche de Daniel Ona Ondo est donc résolument clanique et ethnique. Clanique, donc sectaire. Comme l’ont dit bien d’observateurs, il est et se comporte comme «le Premier ministre du Woleu-Ntem, le seul terroir qui lui est cher». Un peu plus de vingt-deux mois après son arrivée au «2-décembre», l’ancien premier vice-président de l’Assemblée nationale n’a pas réussi «à donner de lui une autre image que celle de quelqu’un ayant une vision nationale». Depuis la formation de son cabinet à la Primature jusqu’aux choix opérés dans la haute administration ou dans le secteur parapublic, Daniel Ona Ondo a opté pour le «régionalisme», la seule méthode qui vaille à ses yeux.
Ces méthodes peuvent-elles amener les Gabonais à avoir le sentiment d’appartenance à un même pays ? La méthode Ona Ondo invite chaque ressortissant du Gabon à se déclarer d’une ville ou d’un département. Elle incite chaque Gabonais à s’enfermer dans une logique ethnique et provinciale. «Cette méthode est dangereuse pour le pays, parce qu’elle met d’abord le Woleu-Ntem en avant, avant le Gabon», selon l’expression d’un sociologue.
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