L’homme d’affaires aurait refusé d’être représenté par Eric Dupont-Moretti, le pénaliste français rebaptisé «Acquittator».
Suspecté de «corruption d’agent public étranger, abus de bien social, blanchiment en bande organisée, recel, faux et usage de faux», en lien avec plusieurs transactions mettant en cause l’équipementier militaire français Marck et Maixent Accrombessi, un proche collaborateur du président de la République, Seydou Kane risque gros. Interpellé à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, le 18 novembre dernier, avant d’être placé en garde à vue et interdit de quitter le territoire français, à moins de verser un cautionnement judiciaire d’environ 1,3 milliard de francs, l’homme d’affaires installé à Libreville avait échappé à la détention provisoire, qui semblait inévitable au regard des indices graves et concordants collectés par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclcliff). Pour certains, il avait été sauvé in extremis par un sacré coup de chance. Une appréciation qui semble loin d’être partagée par l’intéressé et ses conseillers, qui auraient refusé le soutien d’Eric Dupont-Moretti, le pénaliste français rebaptisé par l’opinion «Acquittator», en raison du nombre d’acquittements obtenus depuis mars 1987.
Habitué aux coups d’éclat, connu pour son tempérament plutôt excessif, direct, souvent insolent et parfois brutal mais toujours fidèle à la loi, Eric Dupont-Moretti est parmi les pénalistes les plus doués de France. Initié aux affaires liées au Gabon par Robert Bourgi, il ne craint pas les mauvaises interprétations sur ses supposés liens avec certains de ses clients, notamment Bernard Tapie ou Yvan Colonna, assassin du le préfet Erignac. Avocat du roi du Maroc, des deux pilotes impliqués dans l’affaire dite «Air cocaïne», Eric Dupont-Moretti n’a pourtant pas convaincu Seydou Kane. Selon La lettre du continent (n°718), l’avocat français avait dissuadé l’homme d’affaires de se rendre à Paris en raison du risque d’une interpellation. Si son conseil n’avait pas été suivi, peu rancunier, il aurait tout de même proposé ses services après l’interpellation de Seydou Kane. Mais, certain de se sortir de la mauvaise passe dans laquelle il est empêtré, l’homme d’affaires aurait décliné l’offre, préférant conserver son défenseur, Pierre Gaborit. Espérons que ça passe pour lui.