La marche de protestation contre les violences faites aux femmes, organisée ce jeudi, en début de matinée par le Collectif des associations de lutte contre les violences faites aux femmes et qui a vu la participation de figures de l’opposition et de la société civile a été stoppée par les Forces de l’ordre faute d’autorisation du ministère de l’Intérieur.
Le coup d’envoi de la marche a été donné à l’ancienne gare-routière. Une poignée de parlementaires, dont Albertine Maganga Moussavou, Jean Christophe Owono Nguema, Narcisse Massala Tsamba ont pris la tête de cette marche, écharpe en bandoulière, accompagnés de figures bien connues de l’opposition gabonaise et de la société civile, entre autres, Zacharie Myboto, Paulette Missambo, Davin Akouré, Divungui Di Nding, Paul Vincent Gonjout, Marc Ona Essangui.
Des dizaines de jeunes vêtus de tee-shirts estampillés « plus jamais ça » et munis d’une banderole sur laquelle l’on pouvait lire formellement « stop aux violences d’état », ont rejoint ce cortège de protestation.
En octobre, le marché spontané de l’ancienne gare-routière, interdit aux commerçants par la mairie de Libreville avait été le théâtre d’actions de protestation, mettant en scène deux commerçantes complètement dénudées pour contester les rackets et les harcèlements de certains policiers.
Des sanctions avaient été prises par le ministre de l’Intérieur à l’encontre du directeur de la sécurité nationale des Forces de police nationale et de l'agent de police ayant filmé la scène et posté les images sur les réseaux sociaux.
Les partis de l'opposition et des ONG avaient aussitôt pris fait et cause pour ces commerçantes estimant que le pouvoir était responsable de cette situation.
Annoncée largement sur les réseaux sociaux, la manifestation de ce jour a cependant enregistré une faible participation. Très peu de femmes, notamment les commerçantes, dont cette action leur était dédiée, donnant plus l’impression d’une manifestation de partis politiques politique.
Les marcheurs avaient l’intention de se rendre jusqu’à la primature, en passant par Nkembo, afin de rencontrer le Premier ministre Daniel Ona Ondo, pour lui remettre un mémorandum. Ils ont été stoppés net par une muraille policière au niveau de l’église Saint-Michel de Nkembo.
Un officier de police a fait savoir qu’aucune autorisation n’a été délivrée aux organisateurs de cette marche par le ministère de l’intérieur, conformément à la loi qui garantit la liberté d’expression et de manifester sous réserve du respect de l’ordre public.
Le Sénateur d’Oyem, Jean Christophe Owono Nguema, a pour sa part rétorqué, « qu’un élu n’avait pas besoin d’une autorisation pour organiser une marche pacifique ».
D’autres acteurs de la marche n’ont pas tardé de réagir. « Laisser nous passer, nous sommes fatigués de vos manigances. Le Gabon est un pays de droit, la marche est une forme d’expression. Trop c’est trop, ça suffit comme ça.», s’est insurgé Georgette, une commerçante. Ajoutant que, « nous sommes fatigués du racket et du harcèlement des policiers, nous vendons pour nourrir nos enfants et non pour les policiers ».
‘’Nous avons marché pour dénoncer toutes ces violences qui deviennent barbares et dangereuses pour la population. Au lieu de nous soutenir, on nous envoie la police pour nous intimider, la Constitution de la République nous en donne le droit’’, a déclaré Aminata Ondo, présidente du front des indignés et de l’ONG solidarité pour le développement du Gabon.
Cette marche a été organisée dans le contexte de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, célébrée mercredi.