Finalement, la campagne de communication initiée par le gouvernement, il y a plus d’un mois, qui a vu défiler 28 de ses membres sur la première chaîne de radio publique, n’a eu pour seul effet que de faire constater que très peu de projets ont été menés à leur terme, et que les populations doivent se contenter du menu fretin, voire du saupoudrage.
Et si le groupe des frondeurs du Parti démocratique gabonais (PDG) avait raison ? Telle est la question que se posent de nombreux observateurs, alors que les conditions de vie des populations deviennent de plus en plus difficiles, malgré les sourires de façade et les promesses pompeuses des dirigeants. Si la déclaration du 27 juin du groupe Héritage et Modernité avait été applaudie, c’est parce que ses membres avaient eu le courage et l’honnêteté de reconnaître que la situation socioéconomique nationale est loin du rêve et de l’utopie que se font, et tentent de faire croire les pouvoirs publics. Tout ne va donc pas si bien.
En fait, rien ne semble aller, et cet aveu a été fait, à leur corps défendant, par les membres du gouvernement, qui se sont succédé sur la matinale de Radio Gabon. L’opération de charme qui avait pour but de créditer le pouvoir en place de quelques bons points et de renforcer la campagne électorale qu’ont engagée plusieurs cadres du PDG, n’a visiblement pas eu l’effet escompté. Après Paul BiyogheMba, Séraphin Moundounga, Flavien Nzengui Nzoundou, Emmanuel Issoze-Ngondet, Jean Pierre Oyiba, Guy Bertrand Mapangou, Régis Immongault, Madeleine Berre, Désiré Guedon, Jean-Marie Ogandaga, Simon Ntoutoume-Emane et Florentin Moussavou, qui avaient la lourde charge de convaincre l’opinion des efforts entrepris depuis six ans, et de l’inciter à renouveler sa confiance au président de la République le moment venu, une seule réalité s’est imposée aux yeux des Gabonais : la majorité au pouvoir a failli.
S’il avait été organisé pour tenter de rattraper les choses, le passage de Mathieu Mboumba Nziengui, Gabriel Tchango, Denise Mekam’ne, Alain Claude Billie-By-Nze, Blaise Louembe, Léon Nzouba, Pacôme Moubelet-Boubeya, Etienne Ngoubou, Ernest MpouhoEpigat, Ruffin Martial Moussavou, Christian Magnagna, Paulette Mengue m’Owono, Pastor Ngoua N’neme, Mathias Otounga Ossibadjouo, Flore Mistoul et Patricia Taye n’a fait que préciser la réalité : l’échec six ans après l’arrivée d’Ali Bongo à la tête de l’Etat. Là encore, entre balbutiements, contrevérités, absence de maîtrise des missions de leurs différents départements, culte du président de la République que l’on cite à chaque début de phrase, nouvelles promesses alors que les premières restent à tenir, la même réalité, implacable, s’est imposée : presque la totalité des départements ont des difficultés à réaliser leurs projets. Et pour les populations, la situation serait due à l’incompétence des uns et au manque de volonté des autres. Plusieurs ministres ont, d’ailleurs, eu bien du mal à convaincre du contraire. De la diversification de l’économie à la gestion douteuse du budget du pays, en passant par la politique sécuritaire, qui est loin de rassurer, au regard des évènements tragiques de ces derniers jours, il est plus que nécessaire que les pouvoirs publics se mettent véritablement au travail, plutôt que de faire de nouvelles promesses. A l’instar d’un nombre de promesses jamais réalisées jusque-là, la question du logement apparaît véritablement comme l’équation la plus difficile à résoudre. Si le projet des 5 000 logements par an est désormais reconnu comme un échec cuisant, depuis six ans les pouvoirs publics n’en finissent plus de rassurer les populations de ce que les choses peuvent être rattrapées, et que les habitations promises arriveront avant la fin du mandat en cours. Sauf que, dans les faits, l’attente se fait de plus en plus longue.
En somme, plus d’un mois après le lancement de sa campagne de communication, le gouvernement est appelé à réfléchir sur la stratégie à adopter pour tenter de rattraper les choses, bien qu’à moins d’un an de la prochaine présidentielle la messe semble dite et le curé mal parti pour espérer en organiser une autre. Faut-il désormais que les populations, qui ont des préoccupations bien plus sérieuses que tout le ramdam orchestré par les dirigeants, se fassent à l’idée que rien de bon ne leur sera offert avant 2025 ? La photographie véritable de la rude situation socio-économique actuelle ne préoccupe-t-elle pas le gouvernement ? A quoi ont réellement servi les voyages à travers le monde, l’organisation des colloques et autres fora supposés booster le développement du Gabon ? A quoi ont servi les multiples signatures de partenariats et de conventions si la plupart n’on jamais abouti ? Les populations s’interrogent enfin si les gouvernants n’auraient pas mieux fait de lancer les projets progressivement, au gré de leur réussite, plutôt que d’en lancer un millier à la fois pour le résultat que nous connaissons. Il y a comme un certain amateurisme dans l’action des uns et des autres… Vous avez dit amateurisme ?