Le résumé d’une étude, menée en septembre dernier par l’équipe d’Afrobaromètre du Gabon, révèle que les gabonais expriment de hauts niveaux de tolérance. Des conclusions qui battent en brèche ceux qui soutiennent que la xénophobie est un phénomène considérable dans ce pays où tout le monde se côtoie. Pour ces chercheurs, le gabonais est hospitalier.
« La grande majorité des gabonais est favorable au droit à la citoyenneté pour un individu né au Gabon, pour la femme (ou le mari) d’un gabonais(se), pour une personne ayant vécu et travaillé pendant longtemps au Gabon, mais pas pour un individu souhaitant avoir la double nationalité… », estiment ces universitaires exerçant, pour la plupart, à l’Université Omar Bongo. La présentation de ces résultats s’est déroulée au sein du pôle scientifique de l’UOB, devant des étudiants et d’autres universitaires.
La question de la xénophobie alimente les débats dans certains milieux à Libreville. Au sein de la population, elle ne se fait pourtant pas ressentir. Selon Anaclet Bissiélou, sociologue présent à cette conférence « … quand la xénophobie sévit, cela ne s’ignore pas… », faisant ainsi allusion aux pays où ce fait est réel. Afrobaromètre Gabon divulgue ces résultats plusieurs semaines après la parution d’un article de Jeune Afrique. Le magazine y faisait état de l’existence dudit phénomène à une certaine échelle dans ce pays.
Si les gabonais acceptent les différences, cette recherche a toutefois révélé qu’un fort rejet des homosexuelles est clairement affiché. Selon l’enquête, plus de 8 gabonais sur 10 (83%) ne souhaitent pas avoir un homosexuel pour voisin. Une dénégation liée au milieu de vie et surtout à la culture, a expliqué Christian Wali Wali, géo-politologue. Dans les échanges qui ont suivi, les universitaires parmi le public ont soutenu qu’à priori, l’homosexualité est pratiquée au Gabon pour changer de statut social. Le phénomène est nourri dans les cercles ésotériques qui promettent une vie aisée aux jeunes gens en quête d’emploi. Aussi, pour les chercheurs, le rejet des homosexuels n’est pas un caractère spécifique à la population gabonaise. La même étude, menée par leurs collègues en Afrique, révèle quasiment les mêmes résultats.
Afrobaromètre est un réseau de recherche non partisane qui mène des enquêtes d’opinion publique sur la démocratie, la gouvernance, les conditions économiques et les questions connexes dans plus de 30 pays en Afrique. Entre 1993 et 2013, 5 séries d’enquêtes ont été réalisées. Les recherches de la sixième série (2014-1015), dont fait partie celle sur la xénophobie au Gabon, sont en cours.