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À la 6è année du mandat en cours : l’égalité des chances selon Patricia Taye
Publié le mercredi 18 novembre 2015   |  Gabon Review


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© Autre presse par DR
À la 6è année du mandat en cours : l’égalité des chances selon Patricia Taye


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Se disant au ban de la société, victimes d’abus divers et lésés par une justice qu’ils estiment partisane et soumise au pouvoir en place, les chances de plusieurs milliers de Gabonais semblent inégales, quand ceux partis étudier ou travailler à l’étranger sont tout simplement abandonnés à leur propre sort pendant des mois. Face à toutes ces récriminations, la ministre de l’Egalité des chances et des Gabonais de l’étranger, a tenté de faire bonne figure, le 17 novembre courant sur la matinale de Radio Gabon.

Né il y a deux ans, donc peu connu des Gabonais. Présentez-nous le département dont vous avez la charge. Qu’est-ce qui a été fait depuis ?

Le ministère de l’Egalité des chances et des Gabonais de l’étranger est le dernier né de l’architecture gouvernementale. Vous conviendrez donc que le chantier est vaste, mais je me réjouis de ce que les fondements sont solides, et je voudrais profiter de l’occasion pour saluer le travail-fondateur de mon prédécesseur, le ministre Alexandre Désiré Tapoyo, qui a posé les jalons de ce département. S’agissant de ses missions, il faut dire que sa création s’inspire d’un fait, d’une réalité sociale : malgré les réformes engagées par le gouvernement, des discriminations subsistent dans certains champs et domaines de compétence au sein de notre administration et dans notre vécu. Il était donc important de créer un département qui viendrait veiller à ce que, sur le plan de l’égalité des chances, que tous les Gabonais, quels qu’ils soient, où qu’ils soient et quelle que soit leur origine, bénéficient des mêmes traitements et qu’ils puissent contribuer au développement de notre pays. Notre mission est donc de veiller à promouvoir l’égalité des chances qui est une valeur sociale fondamentale, protéger cette valeur auprès de nos populations, garantir l’égal accès aux services publics et sociaux de base, et fédérer tous les compatriotes autour d’un idéal commun : la construction de notre pays. De même, il s’agit de permettre à notre pays de bénéficier de l’expertise, du savoir-faire de nos compatriotes qui ont décidé de s’expatrier, pour en faire des partenaires et des acteurs clés du développement de notre pays.

Ce qui a été fait depuis deux ans, c’est déjà la création du cadre organique du département, dont nous voyons l’aboutissement à ce jour. Le 26 octobre dernier, le Conseil des ministres a d’ailleurs adopté la création de la direction générale des Gabonais de l’étranger, les autres textes restent en attente d’adoption, notamment celui relatif à la création de la direction générale de l’Egalité des chances et celui portant organisation et attribution du département. En deux ans, nous avons également entamé la première phase d’identification, de recensement et de localisation des Gabonais de l’étranger. A ce jour, nous avons pu identifier près de 30 000 Gabonais vivant à l’extérieur. Ensuite, nous avons mené une campagne de sensibilisation dans trois provinces du pays, auprès des populations autochtones, avant le passage, en 2016, dans les autres provinces. Ce qui reste à faire, c’est d’identifier et de poser un diagnostic clair des différentes discriminations par secteur d’activité, parce que nous avons constaté qu’il y a des domaines qui font l’objet de plusieurs discriminations. Des discriminations d’ordre communautaire, de genres, ethniques, que nous avons la responsabilité de corriger.

Une première visite à l’étranger avait été initiée, il y a quelques mois, en vue de s’enquérir des conditions de vie et d’étude des Gabonais. Comptez-vous renouveler cette opération ?

Il s’agit bien d’une mission de notre département que nous allons poursuivre, d’autant que nous n’avons pas encore fait toutes les zones où résident les Gabonais à l’étranger. Ce qui est important à savoir, c’est que beaucoup nous demandent quelle est la différence entre les Gabonais à l’étranger et les Gabonais de l’étranger. Le département dont j’ai la charge s’occupe des Gabonais qui ont décidé de s’installer à l’extérieur du pays. Ce sont ces Gabonais qui nous intéressent. Ils ont une expertise et des potentialités. Il s’agit pour nous de les mobiliser pour en faire bénéficier notre pays.

Est-ce une façon de lutter contre la fuite des cerveaux ?

Nous luttons contre la fuite des cerveaux et nous faisons en sorte que chacun se sente concerné. Nous travaillons à rétablir le lien entre ceux qui sont partis et leur pays, parce que beaucoup disent que le pays les a abandonnés. Ils sont coupés des réalités, et nous faisons en sorte qu’ils reviennent. Pour ce faire, nous créons les conditions favorables à leur retour au pays, sans rompre avec leur pays d’accueil.

Un rapport avec le ministère des Affaires étrangères ?

(Rire). Nous ne sommes pas un ministère des Affaires étrangères bis. Le ministère des Affaires étrangères a ses missions régaliennes de diplomatie et de gestion de la diaspora, en termes de formalités administratives. Nous, nous avons une cible qui, parfois, ne va même pas se faire enrôler au ministère des Affaires étrangères. Nous allons créer une plateforme d’échange entre nous et ces derniers, qui pensent qu’ils n’ont plus de compte à rendre au ministère des Affaires étrangères. Les deux ministères s’occupent des préoccupations des Gabonais vivant hors du pays.

Le sauf-conduit n’est plus délivré aux Gabonais du Sénégal, ceci sans explication. Pourquoi cette rupture ? Et que leur dites-vous ?

Nous leur demandons de se rapprocher du ministère des Affaires étrangères, qui est là pour régler tous ces problèmes. Toutefois, s’il y a des incompréhensions ou des démarches administratives qui ne sont pas bien menées, en raison de quelques contraintes, il faut faire confiance au ministère des Affaires étrangères.

Vous jouez donc un rôle de facilitateur…

Facilitateur, oui. Mais je viens plutôt en appui, parce que je travaille en collaboration étroite avec le ministère des Affaires étrangères. Lorsque nous sommes saisis sur ces questions, nous intervenons pour corriger ces dysfonctionnements.

Revenons à votre campagne de sensibilisation auprès des populations autochtones des provinces du Gabon. Qu’est-ce qu’il faut en espérer ?

Ce qu’il faut dire dans un premier temps, c’est que le gouvernement met en place des mécanismes visant à réduire les inégalités dans le pays. Ce sont des mesures sociales prises par le chef de l’Etat, qui concernent l’ensemble des populations. Or, ce qu’on constate, c’est que certaines cibles de la population sont discriminées ou simplement mises sur bord de la route. Notre responsabilité est de faire en sorte que lesdites mesures atteignent toutes les cibles. Nous avons donc fait le constat que les populations autochtones ne bénéficiaient pas de certaines mesures sociales. Pour exemple : l’enrôlement en ce qui concernent l’enrôlement à la Cnamgs (Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale, ndlr). Une discrimination qui reste à corriger. Nous sommes donc allés vers ces populations pour les sensibiliser sur l’importance de se faire immatriculer. L’autre constat fait est que certains sont apatrides car n’ayant pas d’acte de naissance. Or, pour être citoyen, c’est la base.

L’opération a été fortement médiatisée. N’était-ce pas humiliant pour ces populations que vous dites apatrides ?

Nous sommes désolés du fait que l’opération ait été perçue de cette manière. L’objectif était de montrer que ce sont des populations qui font partie intégrante de notre pays et qu’il fallait s’en occuper. Ce n’était pas fait à des fins électoralistes ou politiques comme je l’ai entendu. Il faut régler la question de la citoyenneté de ces compatriotes, il faut régler la question de leur couverture médicale.

Quelles sont précisément les discriminations que vous combattez ?

Prenons l’exemple de l’outil que nous avons mis en place, dans le cadre de la couverture maladie, la Cnamgs. Beaucoup se plaignent du fait que, malgré notre volonté d’en faire bénéficier ceux qui éprouvaient des difficultés à accéder aux soins, d’aucuns s’arrangeraient à discriminer les populations défavorisées dans des hôpitaux, à l’instar de l’hôpital général, où l’on enregistre de longues files d’attente des personnes assurées à la Cnamgs. Dans le même temps, les personnes bénéficiant d’espèces trébuchantes sont reçues. Il s’agit ici, de la mise à mal de l’outil qui a été mis en place pour aider les compatriotes, parce qu’en général, le discriminant est un gabonais comme l’est le discriminé. Or, tous les Gabonais doivent prendre conscience que ce que nous posons comme acte impacte la politique mise en place par le gouvernement. Chacun est responsable à son niveau de ce qui se fait dans ce pays. Outre cette discrimination, nous enregistrons aussi des discriminations de genres. Sur ce point, je voudrais saluer l’action de la première dame, Sylvia Bongo Ondimba, en ce qui concerne la lutte contre la spoliation de la veuve. Et ces personnes qui discriminent les veuves, ce sont des Gabonais. Notre rôle sera donc de sensibiliser, d’amener les Gabonais à comprendre que la valeur d’égalité des chances est une valeur inscrite en lettres d’or dans la devise de notre pays, lorsqu’on parle de justice. Il en est de même pour le service public, dont on se rend compte qu’il est parfois monnayé.

Sensibiliser oui. Mais de quels moyens bénéficiez-vous pour mettre fin à ces discriminations ?

Notre mission est de réduire considérablement ces inégalités. Pour ce faire, nous mettrons en place une plateforme de collaboration, en raison du caractère transversal de nos missions, qui touchent à l’égal accès à la santé, la formation ou l’éducation. Tous ces départements auront un plan sectoriel d’égalité des chances, qui mettront en place des stratégies, en vue de réduire ces inégalités par secteur.

Egalité d’accès à l’éducation, oui. Mais certains villages du Gabon n’ont pas d’école depuis des années…

C’est justement ce pour lequel nous travaillons. Il s’agira pour nous de poser un diagnostic, pour déterminer le nombre de régions concernées par cette question. Je vous disais tantôt que le travail est vaste, mais lorsqu’un département est nouveau, il y a comme une peur, une crainte. Ce qu’il faut comprendre, c’est que la volonté du président de la république et celle du gouvernement est affichée : il faut régler la question des injustices sociales dans notre pays.

Où en est-on avec le forum des Gabonais de l’étranger ?

Le forum des Gabonais de l’étranger est une plateforme d’échange de la diaspora. Il devrait être animé par la diaspora, et devrait nous amener à créer le Haut conseil des Gabonais de l’étranger et les conseils locaux. Ceci permettrait à ces Gabonais d’être les acteurs de la vie politique, sociale et économique de notre pays. Nous espérons que ce forum soit financé et qu’il aura lieu. Nous avons des partenaires qui souhaitent nous appuyer.

Votre mot de la fin.

Chaque Gabonais doit se sentir concerné par la question de l’égalité des chances. Chaque gabonais devrait être concerné par la question du développement de notre pays. Nous avons besoin de tout le monde, chacun à son niveau. Même la technicienne de surface doit penser à ce qu’elle fait comme travail, parce que cela a impact sur le rayonnement de notre pays. Il est donc important que l’on s’approprie ces valeurs, parce que le chef de l’Etat est soucieux de faire en sorte que toutes les décisions prises à l’endroit de nos populations soient réellement impactées dans la conscience collective, et pour que tout le monde en bénéficie. C’est le travail que nous aurons à mener dans les toutes prochaines années. Ça va être laborieux, les résultats ne seront pas perceptibles tout de suite mais progressivement.

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