Dans le souci de gonfler les rangs des corps habillés, les autorités publics se livrent souvent à des recrutements qui passent outre «l’enquête de moralité» pourtant primordiale pour déterminer la condition mentale des agents de ces corps habillés. Comment alors ne pas s’attendre au pire de la part de nos policiers, gendarmes ou militaires ?
L’enquête de moralité que l’on soit fonctionnaire ou simple agent des forces de l’ordre ou de sécurité était par le passé, une exigence juridique en République gabonaise. La pratique était autrefois rigoureusement appliquée dans les recrutements des corps habillés. Il était presque impossible de prétendre à un poste dans cette corporation sans passer par cet exercice obligatoire.
Par exemple, le recrutement dans la Police, ne faisait pas l’objet d’un quelconque décret et lorsqu’il l’était, il répondait à la démarche normale. « Seules les aptitudes, physiques, intellectuelles et morales» étaient dans ce cas précis déterminantes, indique par exemple pour ce qui est de la Police, le Préambule, Art. 3 de « la Charte du policier » du 22 février 1978. Est-ce encore le cas de nos jours ?
De nombreux agents des forces de défense et de sécurité sont aujourd’hui recrutés à la va-vite. Très peu d’entre eux, lors de leur recrutement, font réellement l’objet d’une « enquête de moralité » capable de déterminer leur aptitude à exercer un poste aussi sensible puisque celui-ci requiert de la retenue et une très grande maîtrise de soi. A qui la faute ? Au policier ou aux responsables de leur embauche ?
Pas donc étonnant que « nos corps habillés » soient de plus en plus peuplés de bandits, autrefois « braqueurs » et d'individus souvent sous-éduqués, peu sociables, ignorant parfois les principes fondamentaux les plus basiques de leur profession. « Le Policier en effet, ajoute la même charte à son Art. 2, doit en tout temps et en temps lieu s’abstenir de tout acte, geste, parole ou manifestation quelconque, de nature à jeter le discrédit sur sa personne et sur le Corps auquel il appartient. (…) ». Mais combien parmi les membres de ces corps respectent cette recommandation ?
Les récents évènements liés aux commerçantes dénudées et au décès de Béranger Obame Ntoutoume, commerçant décédé il y a quelques jours des suites des brulures subies par immolation à la préfecture de police de Libreville, montrent bien le degré de gravité de la situation. Qu’on ne s’étonne pas qu’en plus de cette atteinte à la pudeur et à l’image du corps qu’ils représentent, les mêmes agents de ce corps se livrent à des actes de racket, « braquages » et autres formes de délits dans les quartiers de la capitale.
Gonfler les rangs des forces de défense et de sécurité peut être, en la nature, une pratique juridiquement louable mais que celle-ci repose sur les principes dictés par la loi gabonaise et non sur des visées de types politiques car après s’être attaqués aux populations sur qui pourraient-ils bien déverser leur dévolu si par exemple leur salaire ne leur était pas versé. La question est posée...