Le Collectif des associations et éditeurs de presse du Gabon a dénoncé, le 11 novembre courant, l’immixtion du gouvernement dans le champ de compétence du Conseil national de la communication, rappelant que l’ordonnance n°18/PR/2015 est inconnue des professionnels et du législateur.
Dans un communiqué rendu public le 11 novembre courant, le Collectif des associations et éditeurs de presse du Gabon rappelle que le 4 novembre dernier le gouvernement a accusé l’hebdomadaire La Loupe de «graves violations de la Constitution», de «trouble manifeste à l’ordre public» et de «violation flagrante» des dispositions de l’article 63 de l’ordonnance n°18/PR/2015 portant conditions et modalités d’exercice de la liberté de la communication en République gabonaise.
Pour le Collectif des associations et éditeurs de presse du Gabon, au-delà des «interpellations fallacieuses, et à dessein, de cet article, et de l’exploitation politicienne qu’en fait le gouvernement», les faits relayés par le journal sont des «problèmes posés, avec pertinence, par ses propres services d’immigration». Au regard de la situation, le collectif s’est fait le devoir de rappeler au gouvernement un certain nombre de choses. «Premièrement: la seule loi encore en vigueur, régissant la communication écrite, audiovisuelle et cinématographique en République gabonaise est la loi 12/2001 du 12 décembre 2001 portant Code de la communication audiovisuelle, cinématographique et écrite en République. Deuxièmement: l’ordonnance n°18/PR/2015 sur lequel il s’appuie est encore inconnue des professionnels de la communication qui, en 2014, avaient été associés à la révision de la loi sus citée et attendent toujours que le législateur adopte toutes les modifications qui y ont été apportées. Troisièmement : la seule institution constitutionnelle à même de veiller au respect de la législation sur la presse en faisant respecter les règles professionnelles d’éthique et de déontologie est le Conseil national de la Communication qui, seule, peut sanctionner en cas de non respect desdites règles, et non le gouvernement de la République».
Le Collectif des associations et éditeurs de presse considère que «le gouvernement de la République, du fait de son ministère de la Communication, s’est lui-même mis hors-la-loi par une violation flagrante de la Loi fondamentale» en «appliquant une ordonnance encore inconnue des professionnels de la communication et du législateur» et «en entrant délibérément en conflit de compétences avec l’institution constitutionnelle qu’est le Conseil national de la Communication (CNC)».
Le Collectif des associations et éditeurs de presse prend à témoin la communauté nationale et internationale et «attire l’attention des uns et des autres sur ce qui apparaît déjà comme une dérive dictatoriale qui risque de museler de plus en plus la presse et de porter une atteinte grave aux libertés fondamentales, notamment la liberté d’exprimer ses opinions, sans crainte d’être traqué, bâillonné et réduit au silence».