Le secteur de la pêche et de l’élevage étant encore peu réglementé, les premières victimes sont les consommateurs, du fait de la hausse des prix. Invité de la matinale de Radio Gabon, le 3 novembre courant, le ministre de la Pêche et de l’Elevage, défend les réformes initiées depuis six ans.
Six ans après, qu’en est-il du cadre juridique dans le secteur, notamment au sujet du Code des pêches et de l’aquaculture en République gabonaise, alors qu’un certain désordre y est à déplorer ?
Il y a quelques temps encore, le ministère dont j’ai la charge comprenait également le ministère de l’Agriculture. Et aujourd’hui, ledit ministère, par la volonté politique des plus hautes autorités de la République, entend voir se développer le secteur de la pêche, de l’élevage et de l’aquaculture. Mais se développer pour se développer, non ! Il faut mettre en place un cadre juridique. S’agissant des réformes, une loi portant structuration de la pêche, notamment la loi 15/2005 a été faite pour le Code de la pêche. Seulement, il fallait les textes d’application, qui ont été pris et qui ont permis de créer de nouvelles structures opérationnelles telles que l’Agence nationale de la pêche et de l’aquaculture, l’Agence des métiers de la pêche, la création d’un armement de pêche national et le centre de surveillance. Plus loin, le développement des partenariats public-privé a permis de parvenir à un accord avec l’Union européenne, qui s’articule sur trois types de pêche : la pêche artisanale, industrielle et celle liée à l’Union européenne. Nous assistons à une exploitation régulée de la pêche depuis que nous avons mis en œuvre ce Code, dans la mesure où nous avons une visibilité sur tout ce qui a été prélevé dans nos eaux. Et pour la pêche artisanale, qui compte 300 pirogues immatriculées et avec des autorisations d’exercer, nous avons environ 2 500 tonnes prélevées par an. La pêche industrielle se situe, quant à elle, dans le 4 000 tonnes par an et celle issue de l’accord avec l’Union européenne se situe à 33 000 tonnes chaque année.
S’agissant des réalisations, nous entendons construire des infrastructures de débarquement, qui permettront aux pêcheurs, quand ils arrivent au port, de pouvoir débarquer en toute quiétude. Ça a été l’objet de ma visite récemment sur la route d’Owendo, où il existe un outil depuis quelques années, qui permet aujourd’hui, non seulement de débarquer mais aussi de conserver les produits. On a au total quatre centres : un à Libreville, un à Port-Gentil et Lambaréné et un dernier à Etimboué, dans l’Ogooué-Maritime qui, éventuellement régule les produits venant de la pêche.
Ces efforts sont certes louables, mais comment comprendre la cherté du poisson pêché dans nos eaux par rapport à celui importé ?
Il faut tenir compte de certaines réalités dans le pays. La pêche ne se limite pas au seul fait d’aller chercher du poisson. Il y a tout un processus autour de l’activité : l’investissement sur le matériel, l’amortissement et les consommables qui vont avec : le carburant, les huiles de mélange et la conservation dans les embarcations, avec les caisses et l’approvisionnement en glace. Aujourd’hui, c’est la chaîne qui cause problème. J’ai été visité le Capal (Centre d’appui à la pêche artisanale de Libreville située à Ouloumi et construit grâce à un financement du Japon, ndlr) récemment, où le poisson est débarqué par les pêcheurs et les différents armateurs. Là-bas, le poisson se situe entre 1 000 et 2 200 francs le kilogramme. Ensuite vous comptez les acheteurs en gros, qui feront du détail. Chacun à son tour prélève quelque chose, du coup on se retrouve à 3 500 francs le prix du kilogramme de poisson. Mais aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir le port de débarquement de Lalala, où le poisson arrive aussitôt sur les étals, et les invendus conservés dans les chambres froides. Le poisson n’est pas sorti de cet endroit pour d’autres marchés. Ce qui pose le problème de la réduction des coûts d’achat du poisson.
Le phénomène persiste sans nul doute à cause du déficit de communication…
C’est ce à quoi nous essayons de répondre depuis que nous sommes là.
Y a-t-il ou à quand la construction par l’Etat de fermes agropastorales, avec un domaine consacré à l’élevage ?
C’est bien d’avoir ce projet agropastoral mais il faut d’abord partir de la réforme juridique qui permet d’installer et d’assurer la sécurité alimentaire. On n’élève pas pour élever mais il faut le faire et préserver la consommation par la suite. Nous sommes actuellement dans la réforme des vétérinaires, avec la réorganisation du cadre de gestion de la nouvelle direction générale de l’Elevage qui n’existait pas auparavant. Nous sommes également en train de mettre en place l’Agasa (Agence gabonaise de sécurité alimentaire, ndlr), qui rentre dans le cadre de la poursuite des réformes. Nous réfléchissons également sur l’accompagnement fiscal en faveur des éleveurs, sur l’exonération dans le cadre de leur activité, sur le renforcement des capacités des éleveurs et des techniciens.
Nous travaillons en ce moment sur la base d’une transversalité entre le ministère de l’Agriculture et le ministère que j’ai l’honneur de diriger. Et dans le cadre de ces fermes agropastorales, nous comptons 16 élevages mis en place. Nous travaillons actuellement avec l’Igad (Institut gabonais d’appui au développement, ndlr) pour mettre en place toutes ces structures, qui permettront d’aller vers la capitalisation du secteur. Il y a aussi la construction d’un centre de production animalier, que nous sommes également en train de mettre en place sur Ndendé. Mais il y a que le terrain souhaité pour la bâtisse a été identifié et les plans architecturaux sont finis, il ne reste plus que le démarrage de la construction.