Constructions anarchiques, absence d’autorité administrative pour réguler le phénomène, incompréhension entre la mairie et l’Agence nationale de l’urbanisme, des travaux topographiques et du cadastre (ANUTTC), la commune située au nord de Libreville a du mal à gérer l’occupation de l’espace.
«Ceux qui organisent des marches aujourd’hui dans la commune, ne disent pas qu’ils sont contre les projets initiés par l’Etat gabonais ou qu’ils ne veulent voir personne sur le territoire dont ils revendiquent la propriété, mais ils souhaitent que tout soit fait conformément au respect de la nature et de l’environnement», s’est écrié le maire d’Akanda, le 2 novembre courant, lors d’une réunion organisée par le ministre de l’Urbanisme et du Logement.
Invité à s’expliquer sur la situation du foncier dans sa commune, Claude Michel Sezalory a attribué ce climat de tension aux centaines de constructions anarchiques, indexant presqu’ouvertement l’Agence nationale de l’urbanisme, des travaux topographiques et du cadastre (ANUTTC). Si Désiré Guédon a consacré deux jours à la discussion avec les entités sous sa tutelle, c’était certainement pour y voir clair, alors que les autorités de la commune d’Akanda sont l’objet de récriminations récurrentes au sujet de la gestion du foncier. «Il est urgent de centraliser et d’actualiser les informations pour fixer des limites, aussi bien en vue de veiller à la préservation de l’environnement dans la zone que pour redonner toute son autorité à l’Etat face au phénomène d’occupation anarchique d’espaces déclarés d’utilité publique», a-t-il tenu à faire savoir. Dans la ligne de mire du gouvernement : la zone nord d’Akanda, dont les seules informations officielles en matière de construction datent de 2010, alors que cinq ans après, une récente carte aérienne montre que la zone est bel et bien squattée en dépit de la sensibilité du parc national situé dans la zone.
Pourtant, Claude Michel Sezalory l’assure, «toutes ces personnes installées dans la commune, particulièrement dans la zone nord d’Akanda n’ont pas l’autorisation de la mairie, d’autant qu’elle n’est pas habilitée à vendre des parcelles de terrain ou à donner seule l’autorisation de construire». Sauf que, de leur côté, les responsables de l’ANUTTC assurent que ces constructions ne sont pas de leur fait. A en croire l’adjointe s’adressant à son directeur général, «les populations confondent les actes de cession aux accusés de réception» délivrés à tout demandeur s’étant soumis à la procédure officielle. Ce qui fait qu’au cours des cinq dernières années, «une forte spéculation foncière est à déplorer dans la zone, notamment à Marseille 1 et 2».
Pour le gouvernement, «il va falloir arbitrer» et prévenir tout abus lié à la question du déguerpissement qui semble inévitable dans les années à venir. Or, le secrétaire général du ministère de l’Urbanisme et du Logement a tenu à indiquer qu’«étant donné que les occupations actuelles se sont faites sans autorisation, le déguerpissement des occupants se fera sans indemnisation, d’autant qu’aucune disposition légale ne permet l’indemnisation des squatteurs». Comme quoi, au plus fort du bras-de-fer entre les autorités d’Akanda et les autochtones, le gouvernement tente de calmer le jeu et de mettre un peu d’ordre dans la commune, dont la création, il y a deux ans, n’a visiblement pas encore fini de faire des dégâts.