Avec 83% des suffrages exprimés, la reconduction d’Alassane Ouattara a tout d’un plébiscite. Mais de nombreux chantiers restent préoccupants.
Très attendue, l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire était perçue comme une étape du processus de légitimation du pouvoir incarné par Alassane Ouattara. D’autant que son premier mandat avait été arraché dans des conditions troubles face un pugnace Laurent Gbagbo qui, malgré son emprisonnement à La Haye, n’a jamais admis avoir perdu.
Cette élection était donc un test de légitimité pour Alassane Ouattara qui a tout mis en œuvre, pendant les cinq années de son premier mandat, pour accélérer la croissance économique. Pendant ces cinq ans, on a pu observer une nette reprise économique. La Côte d’Ivoire sortait de dix ans d’incertitudes, d’une situation de «ni guerre ni paix». Les uns estiment que le président nouvellement reconduit a restauré la confiance des investisseurs, permettant le développement de projets d’infrastructure et de certains pans de l’économie. Mais cette croissance n’a pas été totalement inclusive. Pis : la question du chômage des jeunes n’a pas été réglée. Les défis restent donc nombreux.
Sur le plan politique, la Côte d’Ivoire n’a pas totalement assuré sa réconciliation. L’on note que la Commission de réconciliation a eu du mal à fonctionner. Et, dans bien des cas, on a eu le sentiment d’une justice des vainqueurs. Des frustrations subsistent donc. Les pro-Gbagbo continuent d’affirmer que leur champion n’avait pas perdu la présidentielle de 2010. Au terme de cinq ans de présidence Ouattara, ce contentieux n’est toujours pas réglé.
A 73 ans, Alassane Ouattara vient de bénéficier d’un véritable plébiscite avec 83,66 % des suffrages, selon les résultats annoncés le 28 octobre dernier par la Commission électorale indépendante. Le taux de participation est établi à 54,63 %. Une partie de l’opposition avait appelé au boycott. Pour certains, les jeux étaient faits d’avance. «(Les leaders de l’opposition) connaissaient, en effet, les sondages et savaient que le président sortant allait passer au premier tour», prétend un analyste. C’est, en tout cas, une large coalition qui a porté le président sortant à la victoire. «Dans la quasi-totalité de la Côte d’Ivoire, et tout particulièrement dans le nord du pays, le président sortant n’a fait qu’une bouchée de ses adversaires, qui auront plutôt été des sparring-partners que de véritables challengers sur le ring», relève RFI. Pascal Affi N’guessan arrive en deuxième position avec 9,29 % des suffrages. Kouadio Konan Bertin est troisième avec 3,88 %. Les sept autres candidats, dont trois s’étaient retirés, sont à moins de 1 %.
Maintenant, les Ivoiriens attendent la prospérité économique, la réconciliation et le retour à la paix. Le grand défi d’Alassane Ouattara, qui a désormais une légitimité très forte, consiste à assurer une véritable réconciliation nationale. Son second mandat doit lui permettre d’avancer sur ce point, tout comme la croissance économique doit être davantage inclusive pour que les exclus de la richesse économique soient réintégrés et voient l’avenir avec optimisme.