Au moment où les membres du gouvernement formé le 11 septembre dernier se préparent à rendre publics leurs cabinets, l’opinion espère que la compétence sera le critère fondamental dans le choix des collaborateurs, et non l’ethnisme, le clanisme et le tribalisme.
Peu avant la fin de ses jours, Omar Bongo Ondimba avait reconnu qu’«en plus de l’affairisme et de la corruption, l’ethnisme, le clanisme, le régionalisme et le tribalisme avaient fait beaucoup de mal au Gabon». On l’a vu encore récemment lorsque, au lieu de faire avancer les dossiers qui incombaient à leurs départements ministériels et dont, du reste, l’aboutissement était attendu par de larges franges de la population, certains ministres s’échinaient plutôt à placer les ressortissants de leurs villages à des postes qu’auraient pu revendiquer, à juste titre, des «cadres-maison».
Ces dernières années, la pratique était courante : des ministres arrivaient dans les départements qui leur avaient échus avec les seuls ressortissants de leurs localités ou des environs pour occuper des postes non seulement dans leur cabinet, mais aussi dans la haute administration du ministère, provoquant ainsi des frustrations et des découragements chez les cadres-maison. Léon Nzouba, par exemple, avait, au ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle, qu’il a dirigé d’octobre 2009 à janvier 2011, amené tout un «cortège» de «gens de chez lui», à une ou deux exceptions près. Résultat des courses : ne maîtrisant pas les dossiers sensibles de ce ministère, ses collaborateurs avaient du mal à en donner la pleine mesure. En janvier 2011, lors du remaniement ministériel qui suivit, le dossier Enseignement Technique et Formation Professionnelle fut confié à Séraphin Moundounga qui avait déjà en charge le secteur de l’Education nationale.
Comme Léon Nzouba, d’autres membres du gouvernement ont brillé par ce «syndrome», cette attitude qui consiste à ne confier des responsabilités qu’aux membres de la parentèle proche ou élargie. Luc Oyoubi est connu pour avoir «tribalisé» à outrance les départements ministériels par lesquels il est passé, à l’Economie et à l’Agriculture.
Au moment où les cabinets ministériels vont être rendus publics, l’opinion espère «la compétence au pouvoir», comme le clamaient les marxistes-léninistes durant l’époque des grandes contestations en Amérique Latine. «Il n’est pas normal, il est même incompréhensible que le cabinet d’un ministre fang ne soit composé majoritairement que de fangs, alors qu’il y a plus de quarante ethnies au Gabon. Il n’est pas normal que le cabinet d’un ministre originaire de Mouila ne soit constitué qu’avec des Tsoghos, Punu et Apindji ressortissants de la localité», déplore un enseignant de sociologie de l’Université Omar-Bongo. «Que le Premier ministre fasse en sorte que la diversité ethnique et provinciale du Gabon se retrouve dans les cabinets ministériels», suggère un haut fonctionnaire du ministère de la Santé.
Après la formation du gouvernement Ona Ondo III le 11 septembre dernier, la nomination des membres des Cabinets ministériels devrait intervenir au cours des prochains conseils des ministres.