A la suite de la série d’interventions des membres du gouvernement, initiée il y a près de deux semaines, la photographie de la situation actuelle du pays est bien peu reluisante que d’aucuns tentent de le faire croire. Le mandat en cours semble loin d’avoir rempli ses objectifs.
Au-delà des critiques qu’elle a pu suscitées dans l’opinion, la campagne de communication organisée dans le but de créditer le pouvoir en place de quelques bons points a permis d’avoir la photographie véritable de la situation socio-économique du pays, et de juger l’action gouvernementale. Ce sont jusque-là 12 ministres qui se prêtés au jeu sur les antennes de Radio Gabon, en vue de faire le bilan des secteurs dont ils ont la charge. Pour Paul Biyoghe Mba, Séraphin Moundounga, Flavien Nzengui Nzoundou, Emmanuel Issoze-Ngondet, Jean Pierre Oyiba, Guy Bertrand Mapangou, Régis Immongault, Madeleine Berre, Désiré Guedon, Jean-Marie Ogandaga, Simon Ntoutoume-Emane et Florentin Moussavou, il s’agissait de convaincre l’opinion des efforts entrepris depuis six ans, et de l’inciter à renouveler sa confiance au président de la République le moment venu. Une opération de communication aux allures de campagne électorale, en somme.
De tout cela, une seule observation a émergé : presque la totalité des secteurs connaissent des difficultés, et plusieurs ministres ont eu bien du mal à convaincre, au regard des blocages enregistrés dans la plupart des chantiers présentés comme prioritaires. Au bout de six ans, la majorité au pouvoir a donc encore beaucoup de mal à mettre en œuvre une véritable politique de développement. Parmi les rares réformes ayant été engagées pour soulager les rudes conditions de vie des populations, celle initiée en juillet dernier par le ministère de la Fonction publique en faveur des agents de l’Etat, qui bénéficient désormais de salaires plutôt convenables, est à prendre en compte. De même que sont à noter les efforts entrepris dans le secteur de l’éducation, de l’approvisionnement en eau et en électricité, de la construction des routes et de la promotion de l’investissement qui, avec la diplomatie, continue d’œuvrer à la préservation de la confiance des partenaires internationaux.
Mais cette relative réussite se heurte au cuisant échec dans divers secteurs. Alors que la diversification de l’économie nationale est encore à l’état de projet, avec un franc tâtonnement des zones économiques spéciales, le soutien aux entreprises locales et la préférence nationale promis en 2009 restent utopiques. Sur cette photographie de la situation actuelle du pays, le phénomène du chômage démontre l’inefficacité des réformes entreprises jusque-là, alors que l’action de l’Office national de l’emploi (ONE) est diversement appréciée, en raison de son faible rendement. L’aveu du ministre de la Santé sur le fossé existant entre l’offre et la demande est symptomatique de la réalité à laquelle renvoient des secteurs tels que la justice, avec la faible répression des crimes économiques, financiers et rituels. Images représentatives de l’échec de la pléthore de réformes engagées par Ali Bongo dès son arrivée au pouvoir : l’arrêt de nombreux grands chantiers à travers le pays, à l’exemple de la marina de Libreville, et la mise à l’épreuve de la politique de l’habitat et du logement. Deux images qui interpellent quant à la capacité de l’Etat à conduire jusqu’au bout ses projets et sur l’état des finances du pays, qui apparaît de plus en plus fragilisé par la crise de l’industrie mondiale du pétrole. Pour répondre à ces différentes préoccupations, il serait bienvenu d’entendre le ministre du Budget et des Comptes publics, ainsi que celui en charge du Pétrole et des Hydrocarbures.