Avec l’arrivée d’Ali Bongo Ondimba à la tête du pays, plusieurs Gabonais avaient nourri de grands espoirs. Ils avaient caressé le doux rêve de voir la fin de l’impunité et des endémiques détournements de deniers publics. Bref, une meilleure justice sociale voire une redistribution équitable des richesses du pays. Six ans après, la corruption gangrène toujours autant le pays.
En accédant à la magistrature suprême, Ali Bongo Ondimba avait annoncé des mesures fortes. Lesquelles mesures devaient, à terme, mettre fin aux multiples détournements de deniers publics et autres actes délictueux. Pour ce faire, il avait nettoyé les écuries d’Augias, et ce, dans sa propre famille, dont certains membres étaient logés çà et là, dans les différents pans de l’appareil étatique.
Des chamboulements et chambardements poursuivis dans toute l’administration. D’ailleurs, la presse nationale et les citoyens avaient qualifié ce grand nettoyage de « Tsunali ». Dans la même foulée, Ali Bongo Ondimba comptait également éradiquer le phénomène de la parafiscalité. Des efforts louables, mais apparemment voués à l’échec !
Quid de la lutte contre la corruption ?
« Les mauvaises habitudes ont la peau dure », décrète le dicton populaire. Un constat effectué à leurs dépens par les plus hautes autorités du pays. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Tout y est passé : guichet unique, informatisation et centralisation des écritures comptables, sans compter la mise en place d’un Tribunal spécial chargé de la répression de la délinquance financière et économique. A cela s’ajoute, la très « célèbre » Commission Nationale de la lutte contre l’enrichissement illicite et nos juges financiers de la Cour des comptes.
Malgré, cette panoplie de mesures et d’institutions, l’éradication de la corruption piétine toujours. Et l’incarcération de Maurice Mabiala, ancien Directeur de Cabinet du Président de la République, pour détournement de deniers publics, n’est qu’un épiphénomène. Cette arrestation ne saurait être considérée comme une victoire. Ce qui fait penser que cette traque des délinquants financiers et autres criminels économiques est tout simplement une pure arlésienne.
Pourquoi ça coince ?
Pas moins de 35 magistrats ont prêté serment à la suite du Conseil Supérieur de la Magistrature du 24 août dernier. Les nouveaux promus ont prononcé la formule consacrée : « Je jure de remplir consciencieusement mes fonctions, de respecter scrupuleusement la loi, de garder religieusement le secret des délibérations et de me conduire en comme un digne et loyale magistrat, je le jure ! ».
Et comme dans toute corporation, le bon grain et l’ivraie cohabite, il est clair que ce serment n’a pas la même valeur chez tous les juges financiers. En fait, l’impunité a été jusque-là, érigée en « valeur cardinale » car bon nombre parmi ceux censés faire appliquer la loi sont eux-même les auteurs des déviances et autres comportements répréhensibles. Il convient aussi de souligner que le spécieux argument, longtemps véhiculé : « le mouton broute là où il est attaché » ne facilite nullement la lutte contre la corruption.