C’est la question que se posent de nombreux observateurs en raison de la dégradation des rapports entre l’Exécutif et la majorité PDG de l’Assemblée nationale. Depuis plusieurs mois par exemple, les députés n’ont pas reçu les fonds relatifs au fonctionnement de leurs cabinets.
Il y avait au départ, depuis fin-2013, une fronde sourde dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Celle-ci s’est manifestée le 27 juin 2015 par la déclaration des députés estampillés «Héritage et Modernité». Selon un député de l’Ogooué-Ivindo qui a requis l’anonymat, mais qui, avant-hier, était présent à la déclaration de l’Hôtel La Palme d’Or, «l’ensemble des élus nationaux a payé cette attitude par une décision prise en haut lieu – celle de taper dans leur portefeuille – en ne leur octroyant pas les fonds de cabinet. Or, C’est avec ses fonds que sont payés les attachés parlementaires et les assistantes».
Mais les «malentendus» entre le Palais du Bord de mer et le Palais Léon-Mba ne s’arrêtent pas à cette seule sortie médiatique des députés qui, autour de Barro Chambrier, Michel Menga, Alexis Boutamba Mbina, Michel Boumi et Edgard Anicet Mboumbou Miyakou, forment le mouvement «Héritage et Modernité». Il y a également la modification de certaines dispositions de la Loi électorale, évoquée depuis plusieurs semaines et qui vient de l’être en commission. Dorénavant, un élu peut quitter ou être exclu de sa formation et se présenter immédiatement à une élection, alors que les dispositions précédentes lui interdisaient de se porter candidat à une élection politique avant six mois…
On sait qu’Ali Bongo n’avait déjà pas bien pris la sortie médiatique d’Héritage et Modernité fin-Juin, et il le leur avait dit le 1er juillet à la présidence de la République. Il n’a pas bien pris non plus la proposition de modification de la loi indiquée plus haut, et Guy Nzouba Ndama et Faustin Boukoubi avaient, pour cela, été traités de tous les noms dans la presse proche du Palais du Bord de mer. Pour rassurer le chef de l’Etat, le président de l’Assemblée nationale a dû, lors de son compte-rendu des activités parlementaires dans son fief du Canton Lolo-Wagna, appeler ses électeurs à soutenir l’action d’Ali Bongo. Quant à Faustin Boukoubi, il multiplie depuis lors les actes d’apaisement…
La cérémonie d’avant-hier à La Palme d’Or qui a tout de même réuni plus de 75 députés sur les 113 que compte le PDG devrait un peu plus dissiper ces «malentendus». Pour de nombreux députés, cela devrait surtout amener le gouvernement à leur débloquer les fonds de cabinet. «Rassurer le chef de l’Etat et obtenir les fonds, c’était ça aussi l’un des objectifs recherchés», avoue un élu. On va donc vers la décrispation entre le Palais du Bord de mer et le Palais du Boulevard Triomphal.