Abidjan -Le Centre de recherches médicales de lambaréné (CERMEL) au Gabon, une unité qui focalise ses recherches sur les maladies infectieuses tropicales, vient de développer avec succès un candidat-vaccin anti-paludisme.
Baptisé "RTS, S", ce candidat-vaccin a été conçu par le laboratoire Belge GSK dans les années 90 et ses premières études ou tests cliniques ont commencé en 1995 chez les adultes aux Etats-Unis et en Europe.
Il a été ensuite introduit et développé en Afrique par le Gabon, avec l’appui technique et financier de plusieurs partenaires internationaux dont la Fondation Bill et Melinda Gates ainsi que l’Allemagne.
Les tests dits de "phase III" ont été réalisé ;s pendant quatre ans sous la conduite du laboratoire GSK sur 15 460 enfants de moins de 5 ans au Gabon et à travers six autres pays d’Afrique, à savoir le Burkina-Faso, le Ghana, le Kenya, le Malawi, le Mozambique et la Tanzanie.
A l’issue de ces tests effectués à partir de 2009, l’on a constaté que le candidat-vaccin "RTS,S" réduit de moitié le nombre de cas de paludisme chez les jeunes enfants, y compris les nourrissons.
En effet, apprend-on du CERMEL, ce candidat-vaccin a été développé spécialement pour les enfants africains qui constituent la catégorie de personnes la plus touchée par cette maladie endémique dans la zone subsaharienne.
"Ce vaccin n’est pas parfait, mais c’est un élément qui viendra compléter les outils dont on dispose pour faire la prévention du paludisme ", déclare Maxime Agnandji, chef du projet vaccin anti-paludisme au CERMEL.
"Son développement a demandé plus de 20 ans de recherche avant d’arriver à conclure qu’il est relativement efficace", poursuit-il.
A en croire ce médecin, "RTS, S" est le premier candidat-vaccin au monde qui a montré du début à la fin des études son efficacité constante contre le paludisme.
Jusque-là, de nombreux projets de recherches initiés à travers le monde pour un vaccin contre cette endémie n’ont pas donné de résultats concluants.
C’était par exemple le cas du candidat-vaccin du professeur colombien Manuel Elkin Patarroyo dans les années 80, qui avait suscité une vague d’espoir à travers le monde.
"Le candidat-vaccin colombien avait m ontré lors des premières études une certaine tendance à l’efficacité chez les populations d’Amérique du Sud, mais, quand on avait fait des tests en Afrique, on n’avait pas enregistré la même efficacité", explique Maxime Agnandji.
L’on comprend dès lors l’optimisme du chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba qui, le 9 mai dernier, s’est dit satisfait après une visite à Lambaréné où il a touché du doigt les progrès enregistrés dans les travaux du futur vaccin.
"Quand on considère les ravages du paludisme en Afrique et même dans le monde, ce candidat-vaccin constitue une avancée de taille", a-t-il affirmé.
Pour l’heure, indique le CERMEL, il faut que le candidat-vaccin passe l’étape réglementaire, c’est-&ag rave;-dire celle des autorisations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), avant sa mise sur le marché.
D’ores et déjà, l’on apprend que si cette étape venait à être franchie avec succès, le nom commercial du nouveau vaccin serait "Mosquirix".
Selon les statistiques de l’OMS, le paludisme a causé en 2013 environ 584 000 décès en Afrique, dont une majorité d’enfants.