Sur invitation du Gouvernement de la République du Congo, s’est tenue à Ouesso, Chef lieu du département de la Sangha (Nord Congo) du 16 au 17 octobre 2015, la première réunion de la Commission Technique Mixte d’Experts en matière de Frontières, instituée par le protocole signé par les deux parties à Libreville le 28 mars 2014.
La délégation gabonaise à ces assises qui se sont finalement transformées en Commission ad ‘hoc, était conduite par Guy Maixent MAMIAKA, Ministre Délégué auprès du Ministre de l’Intérieur, de la Décentralisation, de la Sécurité et de l’Hygiène Publiques.
Les experts quant à eux dans les pourparlers avaient à leur tête, Victor MPIRA, Conseiller du Ministre de l’Intérieur, Secrétaire Permanent de la Commission Nationale des Frontières. Il faut noter que de tous les trois voisins de notre pays, le Congo est le pays limitrophe qui partage avec le Gabon, la plus longue frontière soit 1918 kms (nord-est, est, sud, sud-est).
Héritées de la coloniale, les frontières qui ne sont que « des coups de crayons sur une carte », sont à l’origine de plusieurs malentendus et parfois même des guerres entre états, d’où l’intérêt de la création en mars 2014 à Libreville de cette Commission Technique Mixte d’Experts en matière de frontières pour permettre au Gabon et au Congo de gérer de façon concertée leur frontière commune.
Le Gabon et le Congo connaissent des litiges frontaliers connus et répertoriés depuis 1974 à Pointe Noire au cours d’un échange bilatéral. Depuis lors, même les accords issus de toutes les démarches entamées entre les deux Parties n’ont pas fait bouger les lignes, encore moins les éléments cartographiques existant qui font l’objet de divergences dans l’interprétation d’un pays à l’autre.
La rencontre de Ouesso aura été décisive à en juger par les conclusions issues de ce rendez vous pour lequel, les deux Parties ont, dans le respect et la compréhension mutuelle, pour la première fois convenu de la nécessité de confronter les cartes frontalières à la réalité scientifique du terrain et des éléments conventionnelles et naturels qui déterminent une frontière, afin de faire évoluer ou faire aboutir ce dossier qui n’a que trop duré.
Dans le communiqué final de cette rencontre on peut noter ce qui suit :
Les experts ont convenu d’effectuer des missions conjointes de terrain sur les zones litigieuses, dès la deuxième quinzaine du mois de décembre 2015. Il faut dire que,fort des instructions pressentes des plus Hautes Autorités sur la question, la Partie gabonaise, s’est proposée de prendre en charge les premières missions de terrain.
Le site de l’ancien village Moupiki (vers Malinga), la zone de la lagune Mbanio (Vers Ndindi) et la zone des sources de la Douli (vers Moulengui Bindza) vont être visités à partir du Gabon.
Le site de la zone Mékambo-Est sera visité à partir du Congo (village Oloba, district de Mbomo), au mois de février 2016.
S’agissant de la zone du Mont Fouari (vers Mabanda), les deux Parties se sont accordées sur une reconnaissance préalable de toute la zone par chacune des parties avant une reconnaissance conjointe.
Quant à la zone de la Djouah (dans la zadié), pour les experts gabonais, les missions de reconnaissance entreprises dans ladite zone permettent, à ce jour, de mettre fin au litige. La Djouah et la Yenze ne constituant en réalité qu’une seule et même rivière. Le cours principal de cette rivière jusqu’à sa source est celui de la branche dite Yenze des feuilles cartographiques IGN Sembé et Mbomo à l’échelle 1/200.000. La Partie congolaise prend acte de ce constat conforme à son point de vue sans cesse réitéré.
Par conséquent, le litige n’existant plus, il ne reste plus qu’à matérialiser le point frontière à la source de ce cours d’eau.
En ce qui concerne la zone du Haut-Ogooué (Gabon) ou de la Cuvette-Ouest (Congo) les missions conjointes sur le terrain seront fonction de l’avancée des pourparlers.
S’agissant de la frontière maritime, les deux Parties ont convenu d’entamer en urgence les pourparlers y relatifs.
Les deux Parties conviennent également d’amorcer une réflexion sur la gestion des zones de circulation commune, notamment les lignes de partage des eaux, les cours d’eau frontaliers, les routes construites sur les lignes frontières…
Les missions se dérouleront alternativement à partir de l’un ou l’autre Etat. Le pays hôte assure le financement de la mission.
La matérialisation de la frontière est supportée, à parts égales par les deux Parties.
A ce sujet, des informations glanées auprès des Experts, il ressort que le Gouvernement Gabonais a décidé de prendre le taureau par les cornes pour la démarcation de toutes ses frontières, à travers la mise à disposition des moyens conséquents à la Commission Nationale des Frontières pour.
Les frontières constituant le premier palier de la souveraineté et même de l’existence d’un état, Le Président de la République Chef de l’Etat, Ali BONGO ONDIMBA a toujours milité pour l’intégrité du territoire national, la paix et la stabilité entre les peuples de notre sous-région. Les espaces frontaliers doivent être des zones d’intégration et de co-développement et non sources de litiges. Une volonté réaffirmée d’Ali BONGO ONDIMBA pour la prospérité de nos deux pays.
C’est ce message que le Ministre Guy Maixent MAMIAKA a porté au peuple frère du Congo tant est que les frontières des Etats africains demeurent encore une réalité que les rêves ou les volontés panafricanistes n’ont pas encore fait disparaitre.
Pour sa part, Raymond Zéphirin MBOULOU Ministre congolais de l’Intérieur et de la Décentralisation a, au cours des assises, rendu un hommage déférent et mérité à leurs Excellences Messieurs les Présidents Denis SASSOU-N’GUESSO, de la République du Congo et Ali BONGO ONDIMBA, de la République Gabonaise, pour les efforts inlassables qu’ils ne cessent de déployer en vue de préserver la paix, la sécurité et la stabilité dans les deux pays.
Pour accélérer ce processus de normalisation des frontières entre états, l’Union Africaine a donné 2017 comme date butoir pour le règlement de tous les litiges frontaliers. Les états parviendront-ils à tenir cette échéance ? Rien n’est moins sur, au regard de nombreux écueils et faiblesse pour y arriver. Il y a par exemple la réalisation des travaux cartographiques des frontières qui coutent excessivement chers aux différents pays…les états francophones font parfois appel à l’expertise de l’Institut de Géographie National (IGN France) pour la réalisation de ces Cartes.
Pour le Gabon, après cette avancée avec le Congo Brazzaville, il devrait poursuivre avec le Cameroun, la Guinée Equatoriale et Sao-Tomé pour aplanir tous les litiges frontaliers. Les Experts Gabonais sont attendus à l’œuvre.