En septembre 2013, le Gabon adoptait une loi interdisant l’importation de véhicules d’occasion de plus de trois ans d’âge. Cependant force est de constater que cette mesure entraîne des effets imprévus.
Comme dans la majorité des pays « émergents », le marché de l’automobile d’occasion est dominant sur celui du neuf car proposant des tarifs plus abordables pour les consommateurs à faibles revenus.
Dans le cas précis du Gabon, le marché de la voiture d’occasion importée représentait plus d’une vente sur deux il y a 4 ans. Cela étant principalement dû au fait que les véhicules en question avaient un âge moyen de 10 ans, donc vendus à des tarifs largement en dessous de ceux pratiqués par les concessionnaires qui vendent du neuf. Mais avec la loi interdisant l’importation de véhicules âgés de plus de trois ans, on constate des effets inattendus.
Le Gabonais moyen n’a pas les revenus suffisants lui permettant de s’offrir un véhicule de moins de 3 ans (quasi neuf, donc beaucoup plus cher à l’achat). Il en ressort donc un net recul des ventes de véhicules d’occasions importés. Cette régression des ventes a un impact non négligeable sur les revenus des importateurs. La demande étant désormais faible, l’offre s’y adapte et de fait ils importent moins. Qui dit baisse de l’importation signifie qu’il y a un manque à gagner pour les douanes gabonaises au niveau des taxes sur les importations. A bien y regarder, personne n’y est gagnant.
D’aucuns pourraient se dire que cette baisse des ventes de voitures d’occasion fait les affaires des concessions qui vendent du neuf. Mais là encore, effet inattendu. Les concessionnaires du neuf se plaignent, eux aussi, de cette mesure. Les véhicules d’occasion importés étant désormais quasi neufs, ils se posent désormais en concurrents directs pour eux. Et concurrents plutôt tranchants car les prix de ces occasions sont très agressifs. Jugez-en !Un Santa Fe Hyundai proposée en concession à partir 25 millions FCFA se retrouve sur le marché de l’occasion à 10 millions de francs, bien moins cher que le véhicule tout neuf. Les familles ayant le pouvoir d’achat nécessaire pour s’offrirdu neuf se dirigent inévitablement vers ces « occasions neuves » au détriment du véhicule neuf. Là encore effet négatif inattendu.
Enfin, il y a ceux qui soutiennent cette loi pour des raisons écologiques. « Des véhicules récents induisent moins de pollution » disent-ils. Mais avec le marché de l’occasion en recul, celui du neuf qui stagne, et le système de contrôle technique aussi rigoureux qu’un allemand à la fête de la bière, le Gabonais garde désormais son véhicule plus longtemps qu’auparavant. Aussi avec les 15 ans de moyenne d’âge du parc automobile, difficile de lutter efficacement contre la pollution car la fréquence de renouvèlement de ce dernier est bien trop lent. Par conséquent les véhicules technologiquement dépassés et polluants sont encore trop nombreux, et donc aucune baisse sensible des émissions de gaz nocifs.
Il n’est jamais trop tard pour revenir sur une décision. Les soucis d’écologie sont certes importants, mais pour un pays comme le notre, ils ne sont pas prioritaires au bien-être des citoyens. La loi interdisant l’interdiction de véhicules de plus de trois ans a eu un impact aux conséquences très négatives pour le Gabonais lambda. Elle constitue un frein à son épanouissement, et ce, sans réelles raisons justifiées. Alors pourquoi ne pas faire un pas en arrière et réfléchir à de meilleures solutions ?