En marge du forum citoyen de Libération, organisé récemment à Libreville, la ministre du Commerce, des Petites et moyennes entreprises, de l’Artisanat, du Tourisme et du Développement des services, a indiqué que la fiscalité sera au cœur de son combat.
Gabonreview : Durant le forum citoyen de Libération, vous avez pris part à un échange sur le développement inclusif. Quelles sont vos impressions de ce forum ? Quels en étaient les enjeux ?
Madeleine Berre : Les enjeux étaient importants. Ce forum a donné l’opportunité de pouvoir prendre la mesure du besoin et des attentes qui sont très forts par rapport au tissu entrepreneurial gabonais. J’ai également eu l’occasion de leur décliner la feuille de route qui est la mienne, qui est de mener des actions lisibles pour la PME gabonaise qui, malheureusement, a encore et toujours ce petit côté d’entreprise victime, insuffisamment accompagnée. Je pense qu’aujourd’hui, j’ai pris la mesure de cet enjeu. J’ai eu l’opportunité de discuter avec des jeunes qui ont plein de projets. L’ambition et la motivation sont d’autant plus fortes que j’ai tellement envie que cela se traduise par des actions fortes, lisibles dans l’immédiat. Les acteurs du ministère dont j’ai la responsabilité seront à l’écoute de la PME. Ils seront là pour les accompagner, les labelliser, leur donner tous les moyens pour réussir et justement pouvoir effectivement avoir un impact sur la croissance et notamment participer à l’évolution des enjeux de l’économie.
Concrètement, quand vous dites «donner des moyens nécessaires», quels sont ces moyens ? Qu’est-ce que vous allez faire ?
Concrètement, je vais mettre en place un observatoire, un endroit où on va les rencontrer, où on va les écouter, où on va les accompagner. La première action que j’ai mise en place dès mon arrivée au ministère, c’est d’accélérer l’identification qui avait déjà été initiée. Il est important pour nous de savoir exactement quels sont les secteurs qui sont déjà pourvus en opérateurs économiques nationaux, quelles sont les entreprises que nous avons dans ces secteurs à valeur ajoutée. Que ce soit dans le BTP ou le tourisme, dans l’artisanat, les services ou le numérique, il est important de savoir quel est le poids de la PME sur l’économie nationale. Et cela passe par de véritables statistiques. Il faut avoir l’humilité de dire : on part de quelque chose qui n’est pas encore visible. J’ai donc déjà mis ce chantier-là en œuvre et, dans les tout prochains jours, nous allons mettre un plan d’action lisible avec un espace qui leur sera dédié et la possibilité de les accompagner dans les besoins de financements, en fonction des projets.
Qu’est-ce à dire ?
Je donnerai pour exemple la Can 2017, qui devrait être une opportunité de croissance interne. Parce qu’aujourd’hui, nous avons un évènement sportif international qui va être abrité par notre pays. Il est tout à fait évident que toutes les chaines de valeur qui vont effectivement être autour de cet évènement, devront profiter aux entreprises gabonaises et, partant à la croissance. Cela va créer des emplois et de la richesse. Donc, c’est déjà un axe immédiat que nous allons mettre en place pour pouvoir effectivement identifier les secteurs où finalement nous devons encourager l’entreprise gabonaise. Il est important d’avoir à l’idée la notion d’impact de ce que nous faisons. On peut bien dire : on encourage la PME, c’est très bien. Mais quels sont les secteurs que nous pouvons le plus encourager pour qu’ils soient plus riches et plus rentables?
Il y a les questions de fiscalité qui sont aussi revenues dans le débat, et ces jeunes entreprises ont besoin d’être accompagnées à ce niveau. Vous êtes dans le domaine, qu’est ce qui est prévu pour la PME gabonaise?
Cela va aussi être ma bataille. Parce que, quand bien même je suis au ministère du Commerce, je continuerais à me battre pour l’attractivité fiscale de l’investisseur national. Je pense que notre pays a un panel de dispositions en faveur des investisseurs étrangers. Ce qui est très bien parce qu’on a besoin de l’autre. Moi, j’ai été conseil de grandes entreprises, je pense que c’est une véritable opportunité. Mais, il est important également qu’on puisse mettre en place un tissu réel d’attractivité pour l’entreprise nationale. Cela dit, on ne donne pas d’exonérations fiscales pour donner. Il faut bien qu’il y ait un outil de mesure de l’impact parce que quand on vous encourage à investir, l’économie que vous faite en ne payant aucun impôt doit être réinvestie. Quand je parle d’accompagnement, il ira jusqu’à ce niveau-là. Nous allons mettre en place différentes transversalités avec la direction générale des Impôts pour pouvoir suivre l’évolution de l’entreprise gabonaise et bien évidemment, nous assurer que les gains de trésorerie qu’elle aura eus du fait de l’exonération fiscale seront réinvestis dans l’entreprise afin que cette dernière puisse se labelliser et tirer par le haut l’économie gabonaise.